Le soleil de la nuit éclaire la montagne ;
Sur le sable désert faut-il encore rester ?
Doucement dans mes bras laisse-moi t’emporter ;
Bon maître, éveille-toi ! marchons vers la campagne.
Tes yeux sont clos (1) depuis trois jours :
Maître ! dormiras-tu toujours ?
L’orage dans son vol a brisé les platanes (2) ;
Le navire sans voile a disparu dans l’eau :
De ton front tout sanglant, j’ai lavé le bandeau ;
Marchons, les pauvres noirs t’ouvriront leurs cabanes.
Tes yeux sont clos depuis trois jours :
Maître ! dormiras-tu toujours ?
Je voudrais deviner ton rêve que j’ignore.
Oh ! que ce rêve est long ! finira-t-il demain ?
Demain, en t’éveillant, presseras-tu ma main ?
Oui, je t’appellerai quand j’aurai vu l’aurore.
Tes yeux sont clos depuis trois jours :
Maître ! dormiras-tu toujours ?
Mais la lueur du jour s’étend sur le rivage,
Le flot porte sans bruit la barque du pêcheur ;
Viens ! … que ton front est froid ! quelle triste blancheur !
Oh ! maître ! que ta voix me rendrait de courage !
Tes yeux sont clos depuis trois jours :
Maître ! dormiras-tu toujours ?
Marceline Desbordes-Valmore, Romances
Notes :
1 - Fermés. Le mot désigne également un terrain clos (fermé, clôturé) de haies ou de murs. En ce cas, c’est un nom.
2 - Grands arbres pouvant atteindre de 25 à 55 m de haut, à écorce lisse se détachant par plaques.
1. Combien ce poème compte-t-il de strophes ?
2. Comment sont composées ces strophes (donnez le mètre et la disposition des rimes) ?
3. Relevez les indices vous permettant de deviner où se déroule l’action.
4. Qu’est-ce que le « soleil de la nuit » ? Est-ce une simple périphrase ?
5. Trouvez, dans le poème, une autre périphrase ou une autre expression du même genre.
6. Qui emploie ces termes ? Justifiez votre réponse.
7. À qui parle-t-il ? Relevez les termes qui le désignent.
Le mot « nègre » a été emprunté à l’espagnol « negro » (= de race noire), qui provient du latin « niger » (= noir). Au XVIIe siècle, le mot « nègre » a pris le sens d’ « esclave noir ».
Aujourd’hui, ce mot est évité à cause de sa valeur péjorative et raciste.
8. Quels types de phrase sont employés par ce personnage ?
Quels sont ses sentiments ? Citez le texte pour répondre.
9. Qu’est-il arrivé à son maître ? Appuyez-vous sur le texte pour répondre. À quel moment le comprend-on ?
10. Selon vous, était-ce vraiment un « bon maître » ? Quels indices vous ont permis de répondre ?
Comme le personnage de ce poème, inventez des périphrases pour nommer des objets dont vous ignorez le nom.
Exemple : le téléphone → la boîte qui porte la voix.
a - L’avion. b - Le train. c - Le soleil. d - L’ordinateur. e - Le nuage.
En France, il a fallu attendre le décret de 1848 pour que soit aboli l’esclavage.
Source : Wikipédia