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Enseignement et vérité d’état

Il y a quelques jours, en lisant Le Post.fr, j’ai appris que Xavier Darcos estimait qu’il revenait au législateur de définir le contenu des cours d’histoire dispensés aux élèves du secondaire. Ce seraient donc les députés et les sénateurs qui devraient prescrire « ce qui doit être enseigné ».

Cela m’a aussitôt remis en mémoire l’éphémère amendement de 2005 préconisant de reconnaître en particulier le rôle positif de la colonisation. Je n’avais évidemment pas de blog à ce moment-là. C’est dommage, car je vous aurais volontiers dit tout le mal que je pensais de la locution adverbiale « en particulier » ; j’aurais également ironisé sur l’insatiable et patent bonheur procuré par le régime de l’indigénat en Nouvelle-Calédonie, exemple qui vaut ce qu’il vaut parmi tant d’autres.

L’article  du Post.fr — au reste mauvais — ne dit pas grand-chose de plus que l’article qui en est la source, si ce n’est son opposition au désir ministériel. J’aurais aimé que l’on me dise, par exemple, quel est précisément le rôle de la Commission nationale des programmes.

Cette commission ne suffit-elle pas pour définir le contenu… des programmes ?

Quoi qu’il en soit, quelques jours plus tard, Le Post.fr (relayant un blog de Rue89) parle à nouveau de Xavier Darcos afin de montrer que le ministre de l’Éducation nationale semblait avoir ignoré l’abrogation de l’amendement susmentionné dont il avait parlé le jour même où il proposait que le parlement définisse le contenu des programmes d’histoire.

En restons-nous là ? Que non !

Dans Le Monde, il est précisé que l’académicien et historien Pierre Nora, celui-là même auquel le ministre avait demandé son avis sur le rôle de la politique dans la définition des programmes (puisque c’est bien de cela qu’il s’agit), Pierre Nora, dis-je, demande des éclaircissements à Xavier Darcos. L’historien précise Le Monde, se dit « entièrement d’accord […] pour reconnaître le droit, et même le devoir de la collectivité nationale […] de se prononcer sur ‘les repères historiques qu’elle considère comme emblématiques de son identité' ». « Mais ces prérogatives, qui peuvent s’exprimer par des hommages, des célébrations, des résolutions, des vœux, parfois des réparations, doivent interdire la qualification par la loi de faits historiques érigés ainsi en vérités d’État dont la ‘contestation’ ou la ‘banalisation’ seraient passibles des tribunaux », ajoute-t-il.

On ne saurait mieux dire.