Des artistes dits de gauche (il s’agit de Juliette Gréco, Bernard Murat, Pierre Arditi, Maxime Le Forestier et Michel Piccoli — ça impressionne !) adressent une lettre à Martine Aubry et affirment être en rupture avec le parti socialiste qui n’a pas soutenu la loi Création et Internet (Le Monde cite l’intégralité de cette lettre ouverte).
J’avoue ne pas comprendre…
Ah si ! Un artiste est de gauche excepté si l’on touche à son porte-monnaie, auquel cas il est de droite. En fait, c’est simple. Ce sont les intérêts qui prévalent, le reste…
Or qu’est-ce que le reste ? Le reste, c’est HADOPI, une loi qui prétend trouver une solution à un problème délicat, celui du téléchargement illégal. HADOPI, c’est une industrie (à peine une politique ou alors au sens purement administratif du terme) qui criminalise ses consommateurs. Elle voit en eux des pilleurs qui mettent à mal la création. Pourquoi pas ? Mais quelle réponse apporter au problème du téléchargement, comment amener les gens à payer ce qu’ils obtiennent aujourd’hui gratuitement ?
À mon sens, la réponse est tellement simple que je me désole de la crispation à cette loi du moindre histrion gagnant un peu d’argent et ulcéré à l’idée qu’un internaute potentiel vienne télécharger un navet que de toute façon il n’aurait pas payé pour voir, car il n’est vraiment par certain que ledit internaute, effrayé par les sanctions de la loi, se mette à consommer légalement un jour. La loi fait un pari sur l’avenir, c’est « On verra bien » !
Pour que le téléchargement illégal cesse, il faudrait développer une offre intéressante.
Mais au fait d’où vient que les gens ont cessé d’acheter des CD ou des DVD à prix d’or (« Merde, se dit l’artiste, comment vais-je payer mon prochain Hummer pour polluer Paris s’ils n’achètent pas ? ») ? En fait, la réponse est dans la question…
Quelques pistes de réflexion pour l’UMP et « les artistes de gauche » : la musique, le cinéma étant dématérialisés, il n’est pas normal de payer un fichier MP3, un film au format MP4 au même prix qu’un morceau de musique ou un film sur un support physique.
Il n’est pas normal d’acheter à prix élevé de la musique sur internet dans un format de compression qui dégrade la qualité musicale.
En somme, proposez quelque chose de qualité à un prix moindre et vous trouverez des clients au lieu de vouloir vendre un produit de qualité médiocre à un prix élevé.
Proposez également un vaste catalogue, un accès simple, pour une utilisation simple, et tout se passera le mieux dans le meilleur des mondes. Au lieu de ça, pendant longtemps les catalogues ont été ou sont encore indigents (essayez d’acheter les Beatles en MP3), l’accès complexe (si vous n’avez pas accepté trois mille closes dans un contrat sibyllin qui vous réclame votre numéro de carte bleue avant même que vous ayez acheté quoi que ce soit, si vous n’avez pas Windows XP… oubliez…) et l’utilisation pénible (la protection numérique ne vous autorise pas à écouter votre morceau ici ou là, vous ne pouvez pas ceci, vous ne pouvez pas cela..).
En somme, il faut développer une offre légale. C’est ce que fait le pourtant très critiquable iTunes. Bien des choses sont encore à revoir, mais l’idée est là.
Et puis qui répétera le ridicule de cette loi : couper l’accès à internet si je télécharge illégalement ! Pourquoi pas couper l’accès à la nourriture si je vole un jambon ! Et puis je l’ai déjà dit avant d’effacer benoîtement la quasi totalité de mon blog : internet sera bientôt considéré comme un droit inaliénable comme l’éducation. On ne pourra pas priver d’internet de la même façon qu’on ne pourra pas priver d’éducation au seul motif que la loi a été transgressée.