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Ces pédagogos qui ont assassiné l’École

L'Instruction publiqueHier, le collège unique rassemblait tous les élèves, tous ! Le cancre et le génie, le feignant et le courageux, le savant et l’inculte, tous rassemblés au mépris des différences, nivelant par là même les aspirations au savoir de générations entières sacrifiées sur l’autel de la soi-disant bienveillance pédagogique et de la diversité. Ladite bienveillance – euphémisme cachant à peine la haine de l’élitisme – ne cherche rien d’autre qu’à détruire l’école. Imaginez une chimère, ce monstre d’hétérogénéité auquel le valeureux enseignant doit faire face, muni de son seul savoir face à l’ignorance érigée en principe, pire, en modèle sociétal.

Le redoublement, retour à la réalité

Plus récemment, les précieuses ridicules du pédagogisme ont battu en brèche le redoublement. Il n’est désormais plus possible de faire redoubler « l’apprenant ». L’élève en difficulté ne peut plus saisir sa chance, et subir l’humiliation douloureuse mais nécessaire de ne pas suivre ses petits camarades partis s’envoler dans les sphères supérieures du savoir. Supprimer le redoublement, c’est surtout une mise à mal du pouvoir de l’enseignant de dire : « Non, tu ne passeras pas » ! Le redoublement, ce mal pour un bien, ce microtraumatisme doit ramener l’enfant à la réalité : « Tu n’as pas travaillé, tu n’as rien fait, tu ne passeras pas ». Pour quelle raison le paresseux n’ayant pas fourni le travail demandé se verrait-il garantir une injuste ascension et nécessairement un jour limitée par la dure réalité des examens et du marché de l’emploi ? Depuis quand récompense-t-on les enfants ayant démérité ? En a-t-on déjà vu qui progressaient en passant dans la classe supérieure ?

Le numérique, nouvel obscurantisme

Et que dire de cette croyance, cet obscurantisme des temps modernes qui voit dans le numérique la solution à tous nos maux ? Comme si cette prétendue panacée allait sauver l’école, comme si fournir de coûteux objets technologiques à nos enfants allait leur permettre de mieux savoir lire, écrire et compter ! L’on voudrait même que des analphabètes n’ayant jamais approché un livre apprennent les rudiments algorithmiques de la programmation ! Marche-t-on sur la tête au pays de l’Éducation nationale ? Il faut qu’au sommet de l’État l’on soit devenu fou pour brandir cette aveugle foi en la technologie, cette mode se réinventant sempiternellement pour mieux vendre, cette fiction éducative agitée par les marchands du temple que sont Google et Apple, ces ogres des temps modernes venus dévorer et nos enfants et nos impôts.

Le baromètre d’une école malade

Aujourd’hui, l’école, menacée de la ruine, une ruine orchestrée par des décennies de réformes, est l’objet d’une nouvelle attaque pédagogique : il ne s’agirait rien moins que d’interdire les notes. La note traumatiserait les élèves ! La note, ce baromètre du niveau déjà bien bas, ne fournirait qu’une piètre indication et ne proposerait aucune remédiation ! Las ! L’on veut supprimer tout instrument de mesure pour mieux cacher la maladie qui s’est emparée du système scolaire. Ainsi, après que la loi Haby a créé des générations entières d’illettrés, on voudrait nous cacher les effets délétères d’une éducation à vau-l’eau. Si la note stigmatise le vaurien, elle récompense fièrement le travail bien fait. Il est vital que notre système scolaire ne soit pas un lieu où le plaisir se loverait comme un serpent en son nid. Il est vital que le travail, cette torture fructueuse de l’esprit, fasse naître devant l’adversité, devant la difficulté, devant l’ennui (oui, l’enfant doit s’ennuyer, c’est essentiel) heur et malheur. Eh ! croit-on tout réussir tout le temps partout ? Croit-on que tout le monde puisse réussir ? Qui voudrait d’une société où tout le monde réussit ? Cette idéologie post-soixante-huitarde où il est interdit d’interdire, qui prône la jouissance et l’absence d’effort doit définitivement être éradiquée. Ou alors la fabrique du crétin aura accouché d’une nation de dégénérés…

Réagissons

Le chant des partisans

Pour cette raison, exigeons la fin du collège unique, rétablissons le redoublement et ne cédons pas à cet appel des Sirènes, ce mirage de bienveillance éducative. Nous n’avons nul besoin de votre numérique que nous laisserons au placard. Armés de nos seules craies, nous vous disons bien haut quelle est l’école que nous voulons et que nous défendrons. Il ne sera pas dit qu’un élève ait passé une journée agréable à découvrir le monde qui l’entoure grâce à une école qui vivrait en harmonie avec la société qui l’anime. L’école est un sanctuaire. L’élève est un moine des temps modernes, il porte un cilice de papier qui lui rappelle chaque jour qu’on n’a rien sans rien. Et l’enseignant, ce croisé antipédagogo, boute la compétence. Il refuse les élèves tous nuls et à égalité. Il prône la culture, le savoir et la transmission, en un mot, le retour à l’Instruction publique.

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Divers Éducation Informatique

La dictée encore et toujours, oui mais…

On parle beaucoup d’orthographe ces derniers temps, notamment sur Twitter.

Je me suis souvent demandé comment l’évaluer tant il est vrai que l’ancestral recours à la dictée est désastreux surtout si ladite dictée fait l’objet d’une note.

Pour l’instant, j’en suis là dans mes pratiques et réflexions que je vous livre :

  1. Je ne peux plus – ou ne veux plus – proposer à mes élèves une dictée unique que le seul enseignant que je suis délivre à l’ensemble de la classe censée suivre comme un seul homme. Le numérique apportant la possibilité d’être un peu plus soucieux des rythmes des uns et des autres, j’ai opté depuis plusieurs années pour la dictée que j’ai enregistrée au format mp3 et que je mets sur Ralentir travaux (exemple en 5e).
  2. Ainsi, chaque élève fait la dictée à son rythme et à son niveau. S’il faut une heure à l’élève pour préparer sa dictée, il prend une heure. S’il peut la faire en 10 minutes, eh bien, c’est parfait ! Il peut ensuite se consacrer à autre chose.
  3. Cette dictée est faite par un élève (sur sa tablette ou sur l’ordinateur). Il travaille seul ou avec son voisin. Je ne veux voir la dictée que lorsqu’elle a été dûment corrigée par l’élève lui-même. Ainsi la méthode est la suivante : il écoute la dictée, il l’écrit puis il fait toutes sortes de vérifications. La conjugaison des verbes est vérifiée dans le Bescherelle, le vocabulaire fait aussi l’objet d’une vérification dans le dictionnaire (le Larousse par exemple). Certains élèves, notamment les plus en difficulté, trouvent un réconfort dans l’utilisation d’un traitement de texte, mais aussi dans un correcteur orthographique, qu’il soit celui du traitement de texte ou ceux proposés, entre autres, par Scribens ou le Bon patron. Ces derniers fournissent des explications quant aux erreurs commises.
  4. Alors seulement, je regarde et corrige le texte avec le ou les élèves pour les aider à corriger tel ou tel point qu’il n’est parvenu à orthographier seul. Si le besoin s’en fait ressentir, une correction peut-être faite en classe avec un vidéoprojecteur en partant d’une copie (d’un volontaire naturellement) permettant de traiter des fautes les plus fréquemment faites.
  5. Dictée projetée avec Explain everything pour iPad
    Dictée projetée avec Explain everything pour iPad
  6. Une dictée est, en général, assortie d’exercices d’approfondissement ou de révision (exemple pris en 6e). S’il apparaît qu’il est nécessaire de revoir le passé simple, l’élève peut relire la leçon ou faire des exercices interactifs.
  7. Enfin, la dictée fait l’objet d’une évaluation. L’on voit ainsi ce qui a été retenu et appris. Cumulant les dictées, on possède alors un vivier de textes dans lesquels on pioche au hasard, l’élève devant être capable – désormais – d’écrire correctement n’importe lequel d’entre eux, ce qui n’est pas rien quand on en a déjà fait une dizaine.

Dernier point, à l’attention des contempteurs du numérique, cette proposition de travail de l’orthographe n’est pas la panacée, elle n’apporte pas de solution miracle, elle n’est pas non plus l’unique et ultime solution. Personne n’a dit ça. Simplement, il me semble que c’est un moyen de faire, et que l’élève y trouve généralement son compte.