Faire rédiger les élèves est une tâche ardue. Et écrire un conte – surtout en sixième – l’est encore plus. Les élèves ont besoin d’être guidé. Aussi avais-je produit trois vidéos pour les aider à écrire leur histoire.
Une première présentant la structure du conte.
Une deuxième explicitant les personnages que le héros peut rencontrer.
Une dernière afin de montrer le sens du conte : le héros part en quête de quelque chose.
On peut aussi aider les élèves en leur présentant différents ingrédients du conte, ingrédients qui seront choisis aléatoirement grâce à cette application qu’est Decide Now !
L’élève fait tourner la roue et obtient un personnage, puis un élément perturbateur, etc.Bref, tous les éléments du conte. C’est rigolo. On se croirait à l’émission La roue de la fortune et on guide les élèves en manque d’imagination.
Ma pomme préférée (alors que c’est moi la pomme), je t’écris pour te dire que je ne publierai plus chez toi.
Depuis que tu t’es amusée, en 2012, à retirer mon livre de ton store parce que j’avais mis « libre et gratuit » sur la couverture, on s’est franchement bien marré ! Souviens-toi, tu m’avais dit : « Si tu veux revoir ton livre sur mon beau magasin, il faut retirer lesdits mots. Ils sont laids. Comment ? Tu l’as déjà fait, petit écrivaillon conciliant ? Eh bien retire « pour iPad » maintenant ! ».
Et je l’avais fait.
Ce n’était qu’un début.
Dernièrement, j’avais écrit « Kobo » dans la préface du livre de grammaire et de littérature (mon dieu, quand j’y repense…). Encore plus récemment, j’ai dû oublier un truc dans la table des matières. Je t’ai envoyé des photos de mon dos que j’ai fouetté. J’espère que tu as aimé.
Et il y en a eu d’autres encore ! À propos du petit recueil que j’avais fait des fables de La Fontaine, j’avais dit que je m’appelais Yann Houry ! Grossière erreur ! Hop, on ne publie pas le livre !
Une fois, une vidéo ne fonctionnait pas ! Et hop ! on retire le livre. Une autre fois, tu as même retiré un livre parce que le « spelling and grammar must be correct » ! Ah ! tu t’es bien foutue de ma gueule ! Et ce en anglais ! Bah oui, tu ne vas quand même pas condescendre à t’exprimer dans la langue de ton interlocuteur ! Enfin ! Rien ne vaudra les mois que tu as mis à publier mon Manuel de 5e pour une raison que toi seule tu es incapable de donner.
Enfin bref. C’en est trop.
Je ne supporte plus. Raison pour quoi, je me barre ! Je m’en vais (et tes larmes – si tu étais capable d’émotion – n’y pourraient rien changer).
Imagine-t-on un éditeur publier puis retirer puis republier puis retirer à nouveau un livre de la vente ? C’est pourtant ce que tu viens de faire avec mon manuel de grammaire. C’est complètement insensé !
Je retire donc tous mes livres de ton store. J’imagine que tu t’en fiches comme de l’an quarante, mais moi ça me fait un bien fou.
Lundi, quand j’ai montré cette capture d’écran à mes élèves, capture qui prétendait annoncer de façon prophétique les attentats du vendredi 13 novembre, ils ne parvenaient pas à comprendre que cette image était un « fake ».
Stupeur dans les rangs. Ils ne voyaient que prémonition inquiétante alors même que je leur disais que c’était une rumeur, une intox, un faux.
Il faut croire que l’écrit, l’image ont un statut qui, aux yeux des élèves, ont autorité, une autorité qu’ils ne remettent pas en question. Or, depuis les attentats, force est de reconnaître que nous sommes dans la guerre du faux. Tant d’images toutes plus fausses les unes que les autres ont pour but d’inquiéter, de créer un climat de peur, de susciter des réactions violentes, parfois racistes. Plus que jamais il est important d’éduquer les enfants à jeter un regard critique sur ce qu’il leur est soumis à travers les écrans.
Je voudrais, avec cette vidéo, leur montrer combien il est aisé de falsifier une image.
Il importe également de leur donner les moyens de s’assurer de la véracité ou de la provenance des images. C’est que leur propose le site Les outils Tice en recommandant, entre autres, l’usage de TinEye et Google Reverse Image Search.
Si comme l’écrit Pierre Desproges, « Le martyre, c’est le seul moyen de devenir célèbre quand on n’a pas de talent », il faut reconnaître que le terroriste – qui est un homme allant au martyre – est un individu sans talent. Ce terroriste est un homme qui n’a aucune capacité, aucun don, il ne sait rien faire. Il ne peut créer. Il ne peut rien construire. Il ne peut que détruire. C’est un Érostrate des temps modernes : puisqu’il ne peut atteindre la reconnaissance par ce qu’il est capable d’édifier, il se fera connaître par sa capacité à détruire. De ce point de vue, il serait remarquable que la parabole du talent s’applique à sa personne : « Qu’as-tu fait de ton talent ? » Cette question devrait d’ailleurs être posée à tout le monde, mais l’enseignant que je suis se dit souvent qu’il devrait la poser à soi-même d’abord, mais aussi à ses élèves.
Demander à ses élèves ce qu’ils ont fait de leur talent, ce n’est pas seulement les convoquer à un tribunal spirituel pour les sommer de répondre de la conduite de leur vie, mais c’est aussi les interroger afin de savoir comment l’école les a accompagnés dans ce parcours qu’est une vie qui commence, comment elle les a aidés à trouver ce que Ken Robinson appellerait leur « élément », lequel les conduirait à s’épanouir et galvaniser la société dans laquelle ils se sont insérés.
Or je ne peux m’empêcher de penser qu’un enfant de quinze ans qui se fait exploser ou tuer n’est finalement pas tant un individu sans talent qu’une personne qui n’a pas trouvé son élément ou qui n’a pas su faire fructifier son talent mais surtout que nous, enseignants et aussi parents et pourquoi pas toute la société, n’ont pas su les y aider. Oh ! certainement les raisons sont multiples, mais je veux bien prendre ma part.
Et je m’en veux terriblement, parce que je sais que, comme le professeur de musique qui n’a jamais été fichu de discerner le moindre talent à John Lennon, je dois régulièrement passer à côté d’individus qui n’auront peut-être jamais réussi (contrairement au musicien susmentionné) à trouver leur voie. Tant de talents parviennent à faire fortune et s’épanouir sans que l’école n’ait réussi le pari étonnant de faire autre chose qu’à les dégoûter de leur scolarité (le livre de Robinson est plein du récit de leurs vies), mais combien d’« enfants dont pas un seul ne rit » ont sombré dans la rancœur ? dans le dégoût de soi et de tout, et que séduit par les extrémistes de tout poil, ils ont sombré dans la haine, la violence et le meurtre ? La séduction, du latin « seducere », c’est emmener à part, à l’écart de notre belle société policée. C’est donc conduire, mener à soi et puis tromper. Et que fait d’autre l’état islamique ? Il séduit. La séduction, c’est le contraire de l’éducation, qui consiste à élever, à instruire. Mais il faut être là à temps. Et si la violence, c’est l’absence de langage (c’est Sartre qui le dit), alors je vois qu’il faut éduquer, parler avec ces enfants qui voudraient réduire des hommes au silence.
Plus que jamais notre rôle – celui de parent, celui d’enseignant, celui de la République – est d’une importance fondamentale. Plus que jamais je suis pressé d’ouvrir la porte de ma salle pour éduquer et ne jamais séduire pour que mes élèves ne deviennent pas un Érostrate mais un Théodore de Samos.
Dans la série Je-continue-à-découvrir-des-apps-après-tout-le-monde, voici Workflow. J’avais déjà, dans cet article, évoqué IFTTT qui, en automatisant certaines tâches, me permet de mettre un peu d’ordre dans ma vie numérique. Dans la foulée, je découvrais Workflow, une app qui automatise également certains processus mais qui, profitant du système d’extensions offert par iOS 9, permet à l’utilisateur des ressources jusque-là impossibles.
Rassurez-vous, si vous n’avez pas la moindre idée de la façon d’écrire une sorte de script permettant d’automatiser des tâches, vous ferez comme tout le monde (ou presque), vous utiliserez le travail des autres. C’est ce que vous propose le site iphon.fr.
Mais en quoi cela intéresse-t-il l’enseignant ? Eh bien l’enseignant, il aime bien de temps à autre montrer une vidéo sur YouTube. Seulement voilà, le réseau est parfois faiblard ou l’administrateur a prohibé son usage. Donc à l’aide de Workflow, téléchargez le petit script qui va bien (je vous recommande celui de @samchatice).
Dans les extensions, activez-le.
À présent, lancez le workflow et téléchargez ainsi n’importe quelle vidéo YouTube depuis Safari et retrouvez-la dans votre pellicule. Et à vous les joies d’une vidéo non censurée, non saccadée et sans publicité !
Sans avoir trop poussé mes recherches, je vois encore une occasion d’utiliser Workflow. Puisque vous êtes enseignant, nul doute que vous communiquez avec les parents de vos élèves et que vous leur transmettez des adresses. Pour cela, vous recourez peut-être aux QR Code ou peut-être privilégiez-vous la réduction d’URL pour éviter d’avoir à transmettre de longues et absconses adresses. Eh bien sachez que Workflow vous permet, à partir de Safari (grâce au système des extensions) de faire tout cela d’un clic (enfin d’un tapotement).
Vous choisissez donc votre workflow et hop ! C’est dans le presse-papiers (pour votre URL réduite. Il n’y a donc plus qu’à la coller où vous voulez) ou dans la pellicule (c’est-à-dire dans Photos si vous avez choisi de créer un QR Code).
À propos de presse-papiers, vous déplorez certainement l’absence d’un presse-papiers multiple sur iOS. Eh bien (c’est le dernier) sachez que l’app Clips est faite pour vous. Ce n’est pas tout à fait un presse-papiers multiple au sens où on l’entend habituellement, mais vous pourrez dire à l’app « Souviens-toi de ce bout de texte, j’en aurai besoin tout à l’heure sans avoir à le rechercher dieu sait où ni sans avoir à le recopier pour enfin le coller. »
Tout ce que vous avez à faire est de cliquer sur le petit plus pour dire à Clips de mémoriser votre portion de texte (vous pouvez même faire deux ou trois trucs pratiques avec comme changer la casse).
Mais si vous avez un iPhone 6S, il y a encore plus simple. Une pression prolongée sur l’icône de Clips, et vous enregistrez le contenu du presse-papiers !
Voilà ! N’hésitez pas à me parler de vos apps préférées pour me permettre de continuer la série Je-continue-à-découvrir-des-apps-après-tout-le-monde !
Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai jamais fait auparavant. Je connaissais pourtant Plickers depuis belle lurette, mais je ne m’y étais jamais intéressé. À l’époque, j’avais dû me dire : « Socrative, Eclicker ou même Nearpod… Encore une app de plus pour faire des tests avec ses élèves. Rien de nouveau sous le soleil ». Et puis je ne sais pas trop pourquoi, je me suis intéressé de plus près à la chose, et j’y ai pris un plaisir extrême (pour plagier La Fontaine).
Peut-être tous ces dispositifs ne m’intéressaient-ils que moyennement du fait que mes élèves ont rarement été équipés d’ordinateurs ou de tablettes ? Pourtant, je savais que Plickers s’adressait précisément à ces enseignants dont les classes ne sont numériques que parce que le prof est équipé de son TBI ou de son ordinateur. Je savais que l’idée de Plickers était ingénieuse : on peut faire de jolis tests, récupérer et traiter une foule de données, et tout cela avec le seul ordinateur de l’enseignant (et de son téléphone).
Restait à le mettre en œuvre. C’est fait.
Pourquoi Plickers ?
Ce qui m’intéressait, c’était de déterminer le niveau de ma classe, d’avoir une estimation précise des connaissances de tous les élèves sur un sujet donné (le verbe en l’occurrence). J’aurais pu procéder à une évaluation, mais je voulais quelque chose de plus… fun ! Quelque chose qui soit plus vivant, plus fédérateur qu’une feuille de papier faisant office d’évaluation formative. Or Plickers permet justement cela : les élèves participent allègrement. Et comme les résultats sont anonymes (si on le désire), personne n’est paralysé à l’idée de dire ou d’écrire une bêtise monumentale. Et tout le monde de participer dans la joie et la bonne humeur ! Voilà donc comment cela se passe.
Comment utiliser Plickers ?
Tout d’abord, dans votre navigateur (et après vous être inscrit sur Plickers), ajoutez votre classe et vos élèves.
Un numéro et donc une carte sont alors attribués à vos élèves. En voici un exemple. Remarquez le chiffre 1 qui apparaît aux quatre coins du carré. C’est donc la carte 1.
C’est cette carte qu’il faudra donner à votre élève. L’élève numéro 2 aura la carte numéro 2, l’élève numéro 3 la carte 3 et ainsi de suite… Vous pouvez récupérer les cartes à cette adresse. Vous les imprimez puis les distribuez à vos élèves. Quand vous poserez vos questions aux élèves et que ceux-ci devront répondre, c’est cette carte qui leur a été attribuée qu’ils devront vous présenter. Le principe est simple. Si l’élève choisit la réponse A, il place la carte en mettant le A vers le haut, s’il choisit la réponse B, il tendra la carte en plaçant le B vers le haut et ainsi de suite…
Évidemment, pour pouvoir poser des questions à vos élèves, il faut que vous les ayez créées, et c’est ce que vous aurez fait dans l’onglet Library.
Quand vous avez créé votre questionnaire, attribué les cartes aux élèves et que ceux-ci ont répondu, vous devrez alors avec votre téléphone scanner les réponses que vos élèves vous présentent avec lesdites cartes qui ne sont rien d’autre que des QR Codes. L’application reconnaîtra instantanément la réponse, le nom de celui qui l’a donnée et la traitera de façon à vous indiquer qui a répondu quoi. Sur la capture d’écran ci-dessous, les noms apparaissent même au-dessus de chaque QR Code (mais je ne sais pas pourquoi ils ont disparu quand j’ai fait ma capture d’écran).
Pour faire tout cela, vous avez besoin de votre ordinateur et de votre téléphone. Le premier est branché sur le vidéoprojecteur et indique la question et les réponses possibles et aussi qui a répondu et qui n’a pas encore répondu.
Pour pouvoir afficher cette question, vous avez besoin de votre téléphone (un iBidule ou un bidule avec un robot vert avec l’app idoine, ça marche dans tous les cas). En effet, vous choisissez sur votre téléphone l’une des questions que vous avez créées. Puis sur votre ordinateur, vous allez dans l’onglet Live View. Selon la qualité de votre connexion, votre question apparaît, les élèves en prennent connaissance et peuvent choisir la réponse A, B (ou C, D ou E). Vous pilotez donc le questionnaire à partir de votre téléphone et, en un sens, l’ordinateur ne sert plus que d’écran d’affichage.
Quand tout le monde a répondu, votre téléphone sert ensuite à scanner les réponses de vos élèves. C’est très bien fait et l’appareil reconnaît la réponse de l’élève même au fond de la classe.
Et ensuite ?
Ensuite vous avez des statistiques (dans l’onglet Reports).
Vous voulez savoir qui n’a pas réussi telle ou telle question ? Eh bien, par exemple, cliquez sur le chiffre 3 de la première question qui indique que trois élèves ont choisi une réponse erronée (la réponse D). Vous saurez qui c’est, et qui a donc besoin d’une aide supplémentaire.
Et après ? Wordsalad et Voice
Après, il m’a semblé opportun de faire le point. Une sorte de brainstorming. J’ai demandé aux élèves : « Dites-moi tout ce que vous avez retenu dès lors que l’on parle de conjugaison ». On a rassemblé toutes les réponses dans un nuage de mots fait avec Wordsalad.
Ce nuage sert de moyen mnémotechnique. C’est la trace de tout ce qui a été évoqué.
Ensuite, on constitue des groupes de 3 ou 4 élèves qui vont devoir rédiger la leçon sur le verbe. Ils ont la charge de tout rassembler, reprendre et résumer de façon claire et intelligible ce qui a été dit (lors de la phase du questionnaire, des explications ont parfois été demandées), avec des exemples. En somme, ils doivent se transformer en enseignants qui ont la charge de transmettre une leçon sur le verbe.
Si mes élèves avaient des tablettes (des iPad plus précisément), j’aurais bien aimé qu’ils fassent quelques vidéos de ce type avec Voice par exemple :
La conclusion, on la devine aisément. Tout le monde a participé sans hésitation ni crainte et même avec joie. Tout le monde est actif. Le travail en groupes permet même le tutorat. Je trouve qu’ainsi mes leçons de grammaire retrouvent un peu de fraîcheur. 🙂