Lundi, quand j’ai montré cette capture d’écran à mes élèves, capture qui prétendait annoncer de façon prophétique les attentats du vendredi 13 novembre, ils ne parvenaient pas à comprendre que cette image était un “fake”.
Stupeur dans les rangs. Ils ne voyaient que prémonition inquiétante alors même que je leur disais que c’était une rumeur, une intox, un faux.
Il faut croire que l’écrit, l’image ont un statut qui, aux yeux des élèves, ont autorité, une autorité qu’ils ne remettent pas en question. Or, depuis les attentats, force est de reconnaître que nous sommes dans la guerre du faux. Tant d’images toutes plus fausses les unes que les autres ont pour but d’inquiéter, de créer un climat de peur, de susciter des réactions violentes, parfois racistes. Plus que jamais il est important d’éduquer les enfants à jeter un regard critique sur ce qu’il leur est soumis à travers les écrans.
Je voudrais, avec cette vidéo, leur montrer combien il est aisé de falsifier une image.
Il importe également de leur donner les moyens de s’assurer de la véracité ou de la provenance des images. C’est que leur propose le site Les outils Tice en recommandant, entre autres, l’usage de TinEye et Google Reverse Image Search.
Si comme l’écrit Pierre Desproges, « Le martyre, c’est le seul moyen de devenir célèbre quand on n’a pas de talent », il faut reconnaître que le terroriste – qui est un homme allant au martyre – est un individu sans talent. Ce terroriste est un homme qui n’a aucune capacité, aucun don, il ne sait rien faire. Il ne peut créer. Il ne peut rien construire. Il ne peut que détruire. C’est un Érostrate des temps modernes : puisqu’il ne peut atteindre la reconnaissance par ce qu’il est capable d’édifier, il se fera connaître par sa capacité à détruire. De ce point de vue, il serait remarquable que la parabole du talent s’applique à sa personne : « Qu’as-tu fait de ton talent ? » Cette question devrait d’ailleurs être posée à tout le monde, mais l’enseignant que je suis se dit souvent qu’il devrait la poser à soi-même d’abord, mais aussi à ses élèves.
Demander à ses élèves ce qu’ils ont fait de leur talent, ce n’est pas seulement les convoquer à un tribunal spirituel pour les sommer de répondre de la conduite de leur vie, mais c’est aussi les interroger afin de savoir comment l’école les a accompagnés dans ce parcours qu’est une vie qui commence, comment elle les a aidés à trouver ce que Ken Robinson appellerait leur « élément », lequel les conduirait à s’épanouir et galvaniser la société dans laquelle ils se sont insérés.
Or je ne peux m’empêcher de penser qu’un enfant de quinze ans qui se fait exploser ou tuer n’est finalement pas tant un individu sans talent qu’une personne qui n’a pas trouvé son élément ou qui n’a pas su faire fructifier son talent mais surtout que nous, enseignants et aussi parents et pourquoi pas toute la société, n’ont pas su les y aider. Oh ! certainement les raisons sont multiples, mais je veux bien prendre ma part.
Et je m’en veux terriblement, parce que je sais que, comme le professeur de musique qui n’a jamais été fichu de discerner le moindre talent à John Lennon, je dois régulièrement passer à côté d’individus qui n’auront peut-être jamais réussi (contrairement au musicien susmentionné) à trouver leur voie. Tant de talents parviennent à faire fortune et s’épanouir sans que l’école n’ait réussi le pari étonnant de faire autre chose qu’à les dégoûter de leur scolarité (le livre de Robinson est plein du récit de leurs vies), mais combien d’« enfants dont pas un seul ne rit » ont sombré dans la rancœur ? dans le dégoût de soi et de tout, et que séduit par les extrémistes de tout poil, ils ont sombré dans la haine, la violence et le meurtre ? La séduction, du latin « seducere », c’est emmener à part, à l’écart de notre belle société policée. C’est donc conduire, mener à soi et puis tromper. Et que fait d’autre l’état islamique ? Il séduit. La séduction, c’est le contraire de l’éducation, qui consiste à élever, à instruire. Mais il faut être là à temps. Et si la violence, c’est l’absence de langage (c’est Sartre qui le dit), alors je vois qu’il faut éduquer, parler avec ces enfants qui voudraient réduire des hommes au silence.
Plus que jamais notre rôle – celui de parent, celui d’enseignant, celui de la République – est d’une importance fondamentale. Plus que jamais je suis pressé d’ouvrir la porte de ma salle pour éduquer et ne jamais séduire pour que mes élèves ne deviennent pas un Érostrate mais un Théodore de Samos.
Dans la série Je-continue-à-découvrir-des-apps-après-tout-le-monde, voici Workflow. J’avais déjà, dans cet article, évoqué IFTTT qui, en automatisant certaines tâches, me permet de mettre un peu d’ordre dans ma vie numérique. Dans la foulée, je découvrais Workflow, une app qui automatise également certains processus mais qui, profitant du système d’extensions offert par iOS 9, permet à l’utilisateur des ressources jusque-là impossibles.
Rassurez-vous, si vous n’avez pas la moindre idée de la façon d’écrire une sorte de script permettant d’automatiser des tâches, vous ferez comme tout le monde (ou presque), vous utiliserez le travail des autres. C’est ce que vous propose le site iphon.fr.
Mais en quoi cela intéresse-t-il l’enseignant ? Eh bien l’enseignant, il aime bien de temps à autre montrer une vidéo sur YouTube. Seulement voilà, le réseau est parfois faiblard ou l’administrateur a prohibé son usage. Donc à l’aide de Workflow, téléchargez le petit script qui va bien (je vous recommande celui de @samchatice).
Dans les extensions, activez-le.
À présent, lancez le workflow et téléchargez ainsi n’importe quelle vidéo YouTube depuis Safari et retrouvez-la dans votre pellicule. Et à vous les joies d’une vidéo non censurée, non saccadée et sans publicité !
Sans avoir trop poussé mes recherches, je vois encore une occasion d’utiliser Workflow. Puisque vous êtes enseignant, nul doute que vous communiquez avec les parents de vos élèves et que vous leur transmettez des adresses. Pour cela, vous recourez peut-être aux QR Code ou peut-être privilégiez-vous la réduction d’URL pour éviter d’avoir à transmettre de longues et absconses adresses. Eh bien sachez que Workflow vous permet, à partir de Safari (grâce au système des extensions) de faire tout cela d’un clic (enfin d’un tapotement).
Vous choisissez donc votre workflow et hop ! C’est dans le presse-papiers (pour votre URL réduite. Il n’y a donc plus qu’à la coller où vous voulez) ou dans la pellicule (c’est-à-dire dans Photos si vous avez choisi de créer un QR Code).
À propos de presse-papiers, vous déplorez certainement l’absence d’un presse-papiers multiple sur iOS. Eh bien (c’est le dernier) sachez que l’app Clips est faite pour vous. Ce n’est pas tout à fait un presse-papiers multiple au sens où on l’entend habituellement, mais vous pourrez dire à l’app “Souviens-toi de ce bout de texte, j’en aurai besoin tout à l’heure sans avoir à le rechercher dieu sait où ni sans avoir à le recopier pour enfin le coller.”
Tout ce que vous avez à faire est de cliquer sur le petit plus pour dire à Clips de mémoriser votre portion de texte (vous pouvez même faire deux ou trois trucs pratiques avec comme changer la casse).
Mais si vous avez un iPhone 6S, il y a encore plus simple. Une pression prolongée sur l’icône de Clips, et vous enregistrez le contenu du presse-papiers !
Voilà ! N’hésitez pas à me parler de vos apps préférées pour me permettre de continuer la série Je-continue-à-découvrir-des-apps-après-tout-le-monde !
Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai jamais fait auparavant. Je connaissais pourtant Plickers depuis belle lurette, mais je ne m’y étais jamais intéressé. À l’époque, j’avais dû me dire : “Socrative, Eclicker ou même Nearpod… Encore une app de plus pour faire des tests avec ses élèves. Rien de nouveau sous le soleil”. Et puis je ne sais pas trop pourquoi, je me suis intéressé de plus près à la chose, et j’y ai pris un plaisir extrême (pour plagier La Fontaine).
Peut-être tous ces dispositifs ne m’intéressaient-ils que moyennement du fait que mes élèves ont rarement été équipés d’ordinateurs ou de tablettes ? Pourtant, je savais que Plickers s’adressait précisément à ces enseignants dont les classes ne sont numériques que parce que le prof est équipé de son TBI ou de son ordinateur. Je savais que l’idée de Plickers était ingénieuse : on peut faire de jolis tests, récupérer et traiter une foule de données, et tout cela avec le seul ordinateur de l’enseignant (et de son téléphone).
Restait à le mettre en œuvre. C’est fait.
Pourquoi Plickers ?
Ce qui m’intéressait, c’était de déterminer le niveau de ma classe, d’avoir une estimation précise des connaissances de tous les élèves sur un sujet donné (le verbe en l’occurrence). J’aurais pu procéder à une évaluation, mais je voulais quelque chose de plus… fun ! Quelque chose qui soit plus vivant, plus fédérateur qu’une feuille de papier faisant office d’évaluation formative. Or Plickers permet justement cela : les élèves participent allègrement. Et comme les résultats sont anonymes (si on le désire), personne n’est paralysé à l’idée de dire ou d’écrire une bêtise monumentale. Et tout le monde de participer dans la joie et la bonne humeur ! Voilà donc comment cela se passe.
Comment utiliser Plickers ?
Tout d’abord, dans votre navigateur (et après vous être inscrit sur Plickers), ajoutez votre classe et vos élèves.
Un numéro et donc une carte sont alors attribués à vos élèves. En voici un exemple. Remarquez le chiffre 1 qui apparaît aux quatre coins du carré. C’est donc la carte 1.
C’est cette carte qu’il faudra donner à votre élève. L’élève numéro 2 aura la carte numéro 2, l’élève numéro 3 la carte 3 et ainsi de suite… Vous pouvez récupérer les cartes à cette adresse. Vous les imprimez puis les distribuez à vos élèves. Quand vous poserez vos questions aux élèves et que ceux-ci devront répondre, c’est cette carte qui leur a été attribuée qu’ils devront vous présenter. Le principe est simple. Si l’élève choisit la réponse A, il place la carte en mettant le A vers le haut, s’il choisit la réponse B, il tendra la carte en plaçant le B vers le haut et ainsi de suite…
Évidemment, pour pouvoir poser des questions à vos élèves, il faut que vous les ayez créées, et c’est ce que vous aurez fait dans l’onglet Library.
Quand vous avez créé votre questionnaire, attribué les cartes aux élèves et que ceux-ci ont répondu, vous devrez alors avec votre téléphone scanner les réponses que vos élèves vous présentent avec lesdites cartes qui ne sont rien d’autre que des QR Codes. L’application reconnaîtra instantanément la réponse, le nom de celui qui l’a donnée et la traitera de façon à vous indiquer qui a répondu quoi. Sur la capture d’écran ci-dessous, les noms apparaissent même au-dessus de chaque QR Code (mais je ne sais pas pourquoi ils ont disparu quand j’ai fait ma capture d’écran).
Pour faire tout cela, vous avez besoin de votre ordinateur et de votre téléphone. Le premier est branché sur le vidéoprojecteur et indique la question et les réponses possibles et aussi qui a répondu et qui n’a pas encore répondu.
Pour pouvoir afficher cette question, vous avez besoin de votre téléphone (un iBidule ou un bidule avec un robot vert avec l’app idoine, ça marche dans tous les cas). En effet, vous choisissez sur votre téléphone l’une des questions que vous avez créées. Puis sur votre ordinateur, vous allez dans l’onglet Live View. Selon la qualité de votre connexion, votre question apparaît, les élèves en prennent connaissance et peuvent choisir la réponse A, B (ou C, D ou E). Vous pilotez donc le questionnaire à partir de votre téléphone et, en un sens, l’ordinateur ne sert plus que d’écran d’affichage.
Quand tout le monde a répondu, votre téléphone sert ensuite à scanner les réponses de vos élèves. C’est très bien fait et l’appareil reconnaît la réponse de l’élève même au fond de la classe.
Et ensuite ?
Ensuite vous avez des statistiques (dans l’onglet Reports).
Vous voulez savoir qui n’a pas réussi telle ou telle question ? Eh bien, par exemple, cliquez sur le chiffre 3 de la première question qui indique que trois élèves ont choisi une réponse erronée (la réponse D). Vous saurez qui c’est, et qui a donc besoin d’une aide supplémentaire.
Et après ? Wordsalad et Voice
Après, il m’a semblé opportun de faire le point. Une sorte de brainstorming. J’ai demandé aux élèves : « Dites-moi tout ce que vous avez retenu dès lors que l’on parle de conjugaison ». On a rassemblé toutes les réponses dans un nuage de mots fait avec Wordsalad.
Ce nuage sert de moyen mnémotechnique. C’est la trace de tout ce qui a été évoqué.
Ensuite, on constitue des groupes de 3 ou 4 élèves qui vont devoir rédiger la leçon sur le verbe. Ils ont la charge de tout rassembler, reprendre et résumer de façon claire et intelligible ce qui a été dit (lors de la phase du questionnaire, des explications ont parfois été demandées), avec des exemples. En somme, ils doivent se transformer en enseignants qui ont la charge de transmettre une leçon sur le verbe.
Si mes élèves avaient des tablettes (des iPad plus précisément), j’aurais bien aimé qu’ils fassent quelques vidéos de ce type avec Voice par exemple :
La conclusion, on la devine aisément. Tout le monde a participé sans hésitation ni crainte et même avec joie. Tout le monde est actif. Le travail en groupes permet même le tutorat. Je trouve qu’ainsi mes leçons de grammaire retrouvent un peu de fraîcheur. 🙂
Vous êtes enseignant ? Vous souhaitez avoir accès gratuitement à tous mes manuels ? Au format iBooks, PDF, txt, ePub ? Aux livres tout entiers ? Ou à l’un des chapitres (soit un choix de 26 livres) ? À un autre livre que j’ai écrit ? À tous les fichiers vidéo ou audio que j’ai insérés dans les manuels ? Ou alors vous voulez retrouver toutes les images que j’ai utilisées (ou pas) pour illustrer vos propres cours ? Cela représente presque 2000 documents ! Et je n’ai pas fini de tout mettre en ligne ! Vous
retrouverez également des apps ou des liens dont ceux donnant accès aux cours que je fais cette année.
Ajoutons la possibilité de discuter, d’échanger ou d’annoter l’un ou l’autre de ces documents, et on a là une plateforme intéressante à exploiter entre enseignants. Et qui sait ? De nouveaux projets verront peut-être le jour ! Peut-être un nouveau manuel.
Bref, si tout cela vous intéresse et que vous êtes enseignant, envoyez-moi un email avec votre adresse académique afin que je vous donne accès à ce cours iTunes U.
La recherche d’apps est une pratique qui est, chez moi, carrément tombée en désuétude. Si je parcourais frénétiquement l’App Store en 2009, je suis aujourd’hui plongé dans une quasi indifférence lorsque je regarde ce que le store peut proposer de nouvelles apps.
Il faut dire que certaines apps comme Twitter ou Evernote suffiraient à elles seules à faire mon bonheur. Ajoutez Spotify, Reeder ou Antidote, et je suis comblé.
Cependant, de temps à autre, plutôt rarement, on découvre une app merveilleuse comme Voice ou Explain Everything.
Récemment deux apps ont ajouté a mon iPhone deux possibilités qui me réjouissent : Timehop et IFTTT.
Timehop
S’il y a bien quelque chose de merveilleux avec le numérique, c’est cette capacité à exhumer les données. Or on le sait, celles-ci sont innombrables. Avec les années, on stocke des centaines voire des milliers de photos dont certaines sont enfouies dans les tréfonds de nos réseaux ou de nos disques durs. On a alors la possibilité de tout retrouver, de se souvenir de pans entiers de notre vie et… on ne le fait pas. Trop de données tue le souvenir.
Timehop offre précisément la possibilité de se souvenir. Chaque jour, l’application vous rappelle la photo que vous aviez prise il y a un an, deux ou trois ans, etc. Vous pouvez donner à Timehop un accès à votre compte Facebook, Instagram, Dropbox, Twitter, Google +, y compris à votre compte Foursquare ou aux photos de votre ordinateur. Et hop ! Quotidiennement, vous remontez le temps.
IFTTT
Cet app a pour nom des initiales que ceux qui écrivent de petits scripts connaissent : If This Then That.
Avec IFTTT, on crée de petites actions comme : si vous prenez une nouvelle photo, celle-ci est sauvegardée sur Box ou Dropbox. Cela automatiquement bien sûr.
J’utilise ces petites actions que l’app nomme Recettes (recipes en anglais) pour être averti quand le temps est pluvieux, par exemple. C’est rigolo.
Plus intéressant, IFTTT me permet de garder des traces et organiser un certain nombre d’informations. Ainsi, dès que je retweette un lien ou le mets en favori, tout cela vient se ranger dans Evernote et me permet d’opérer un classement plus fin que celui que m’offre Twitter ou même tout simplement de garder une trace de ces articles qui m’ont plu, que j’ai RT et… aussitôt oublié. Même chose avec Spotify : quand j’ajoute un morceau à une playlist, le lien est sauvegardé dans Evernote, ce qui là encore me permettra de garder un souvenir d’une liste qui par définition est évolutive. Si je pouvais y ajouter les paroles automatiquement, ma joie serait alors illimitée.
En somme, IFTTT et Timehop sont de super apps qui organisent ce bazar numérique qu’on manipule tous les jours et qui d’hypermnésiques aurait tendance à nous rendre amnésiques sans le précieux recours de ces apps.
Un grand merci à @Guinozieres et @jourde pour ces découvertes. Et à propos de Timehop, Clive Thompson dans Smarter than you think écrit de très belles choses.
Précisons aussi que Timehop et IFTTT existent aussi sur Android !
Lisez ces quelques textes, et trouvez tous les mots qui vous semblent venir d’une langue étrangère : l’anglais, le russe, l’arabe, etc. Vous découvrirez alors que le français, cette langue indo-européenne, contient de nombreux mots d’origine étrangère.
Les réponses demain !
1. L’anglais
Marc avait mis un jean confortable, un t-shirt et un pull. Le cours de français avait été un peu stressant (il y avait eu un test compliqué). En plus, il était arrivé en retard, car il avait raté le bus. Arrivé sur le parking, il avait jeté son chewing-gum. OK, il pouvait maintenant y aller. Il flippait un peu, mais rentra tout de même en classe. Le prof était de mauvaise humeur. Vraiment Marc n’était pas fan de cette matière. Il préférait le sport : jouer au foot, piquer un bon sprint, faire un bon match quoi ! Il adorait les penaltys. Là, Marc était une vraie star ! Mettant son short préféré, il y jouait chaque weekend. En rentrant, une douche, un gros shampooing. Après ça, direction le fast-food et un peu de shopping avec ses parents.
2. Le russe
Il faisait un froid de canard. Marc appuya sur l’icône du GPS et trouva un petit bistro pas loin. Hourra ! Il entra, retira sa chapka. Malheureusement, il n’avait pas un kopeck. Par chance, il connaissait son voisin de table : un type gigantesque et chevelu, une espèce de mammouth qui, étrangement, sentait, le mazout. Celui-ci lui proposa de la vodka. Marc, encore un peu jeune, répondit : « Niet ! »
3. L’arabe
Il n’allait quand même pas boire de l’alcool ! Un café serait parfait.
À côté d’eux, deux Maghrébins étaient assis. L’homme arborait un superbe chèche en coton. La fille, quant à elle, portait une jupe orange. À leurs pieds, un clebs patientait. L’homme et la fille jouaient aux échecs. Marc kiffait ce jeu dans lequel le hasard ne comptait pas. C’était mathématique ! D’ailleurs, il adorait les chiffres. Mais, de toute évidence, face à de tels joueurs, zéro chance ! La fille gagna la partie. Ils commandèrent alors un couscous et une carafe d’eau. L’ami de Marc commanda un simple taboulé. Ça ne faisait pas bésef pour deux. Cela lui ficha le cafard.
4. L’allemand
En regardant dehors, Marc fut surpris de découvrir sur les boulevards une calèche ! Une pauvre rosse prenait des coups de cravache par le cocher, un loustic blafard ressemblant à un vampire.
Alors qu’il se servait de petits verres de kirsch sur le zinc du comptoir et que des clients joyeux trinquaient, Marc sortit. Le jeune homme se hissa dans un bus qui passait là. Poursuivant son chemin à pied, il passa devant le terrain de handball qu’un employé nettoyait au karcher. Plus loin, un musicien jouait à l’accordéon une valse. Un passant saisissant sa femme par le bras l’invita à danser.
Chez lui, Marc fut heureux de découvrir que sa mère avait préparé un rôti accompagné de nouilles. Chic !
5. L’espagnol
Après le repas, Marc alla s’allonger un peu dans le hamac faire une petite sieste. Il fit un rêve étrange : des alligators pourchassaient des mustangs sur un volcan et une tornade les emporta tous. Les voisins à côté faisaient un barbecue et des odeurs de chorizo, du lomo, de gambas, de patates grillées, de tomates, de piments chatouillèrent ses narines. Les guitares achevèrent de le réveiller. C’étaient des gitans qui portaient des santiags. L’un d’eux jouait des bongos. Au reste, un moustique lui sifflait dans les oreilles. Marc aperçut son père qui avait allumé un petit braséro, s’était servi des cacahuètes et un mojito. Il fumait un petit cigare. Marc détestait l’odeur du tabac, mais le cigare, ça allait. Il se leva pour aller dans la cuisine. Des odeurs de chocolat et de vanille en émanaient.
6. Latin
Marc en profita pour lire un album qui traînait sur une étagère sur laquelle se trouvaient différents objets : un silex, un tas de médiators, une caméra, etc.
En s’asseyant, il se cogna le tibia. Ensuite, il s’assit juste à côté de l’aquarium. Il se gratta l’oreille. Un peu de cérumen collait au bout de son doigt. Quand il eut fini, il prit son agenda et constata qu’il avait bientôt des examens. Primo, il ne travaillait pas beaucoup. Secundo, cela ne l’intéressait pas et tertio, en plus du sport, la musique lui prenait beaucoup de temps (il jouait dans un quatuor). Quoi qu’il en soit, il devait apprendre quatre feuilles recto verso. Et encore ! C’était le minimum ! Il devait aussi savoir traduire un texte du latin en français et vice versa ! De plus, il avait perdu beaucoup de temps à travailler gratis pour son oncle ! Marc était furax ! Il alla grignoter un gâteau sans gluten pour passer le temps. Tout à coup, il éternua violemment. Il avait dû attraper un méchant virus.
7. Grec
Marc avait très mal au larynx. Il monta sur sa bicyclette et se dirigea vers la pharmacie la plus proche. Mais comme il habitait dans la périphérie de la ville, c’était fort loin. Il passa devant un stade où des athlètes s’entraînaient, passa devant le musée, le cinéma, la bibliothèque la cathédrale puis le théâtre. Il passa même devant son lycée (il avait d’ailleurs emporté son sac qui pesait des kilos). Celui-ci était tout à côté de l’hippodrome. Plus qu’un sens giratoire et il arrivait. Catastrophe ! Il trébucha sur un gros morceau de plastique et tomba sur l’asphalte. Il se cogna la tête mais en fut quitte pour une grosse céphalée.
Réponses :
1. L’anglais
Marc avait mis un jeanconfortable, un t-shirt et un pull. Le cours de français avait été un peu stressant (il y avait eu un test compliqué). En plus, il était arrivé en retard, car il avait raté le bus. Arrivé sur le parking, il avait jeté son chewing-gum. OK, il pouvait maintenant y aller. Il flippait un peu, mais rentra tout de même en classe. Le prof était de mauvaise humeur. Vraiment Marc n’était pas fan de cette matière. Il préférait le sport : jouer au foot, piquer un bon sprint, faire un bon match quoi ! Il adorait les penaltys. Là, Marc était une vraie star ! Mettant son short préféré, il y jouait chaque weekend. En rentrant, une douche, un gros shampooing. Après ça, direction le fast-food et un peu de shopping avec ses parents.
2. Le russe
Il faisait un froid de canard. Marc appuya sur l’icône du GPS et trouva un petit bistro pas loin. Hourra ! Il entra, retira sa chapka. Malheureusement, il n’avait pas un kopeck. Par chance, il connaissait son voisin de table : un type gigantesque et chevelu, une espèce de mammouth qui, étrangement, sentait, le mazout. Celui-ci lui proposa de la vodka. Marc, encore un peu jeune, répondit : « Niet ! »
3. L’arabe
Il n’allait quand même pas boire de l’alcool ! Un café serait parfait.
À côté d’eux, deux Maghrébins étaient assis. L’homme arborait un superbe chèche en coton. La fille, quant à elle, portait une jupeorange. À leurs pieds, un clebs patientait. L’homme et la fille jouaient aux échecs. Marc kiffait ce jeu dans lequel le hasard ne comptait pas. C’était mathématique ! D’ailleurs, il adorait les chiffres. Mais, de toute évidence, face à de tels joueurs, zéro chance ! La fille gagna la partie. Ils commandèrent alors un couscous et une carafe d’eau. L’ami de Marc commanda un simple taboulé. Ça ne faisait pas bésef pour deux. Cela lui ficha le cafard.
4. L’allemand
En regardant dehors, Marc fut surpris de découvrir sur les boulevards une calèche ! Une pauvre rosse prenait des coups de cravache par le cocher, un lousticblafard ressemblant à un vampire.
Alors qu’il se servait de petits verres de kirsch sur le zinc du comptoir et que des clients joyeux trinquaient, Marc sortit. Le jeune homme se hissa dans un bus qui passait là. Poursuivant son chemin à pied, il passa devant le terrain de handball qu’un employé nettoyait au karcher. Plus loin, un musicien jouait à l’accordéon une valse. Un passant saisissant sa femme par le bras l’invita à danser.
Chez lui, Marc fut heureux de découvrir que sa mère avait préparé un rôti accompagné de nouilles. Chic !
5. L’espagnol
Après le repas, Marc alla s’allonger un peu dans le hamac faire une petite sieste. Il fit un rêve étrange : des alligators pourchassaient des mustangs sur un volcan et une tornade les emporta tous. Les voisins à côté faisaient un barbecue et des odeurs de chorizo, du lomo, de gambas, de patates grillées, de tomates, de piments chatouillèrent ses narines. Les guitares achevèrent de le réveiller. C’étaient des gitans qui portaient des santiags. L’un d’eux jouait des bongos. Au reste, un moustique lui sifflait dans les oreilles. Marc aperçut son père qui avait allumé un petit braséro, s’était servi des cacahuètes et un mojito. Il fumait un petit cigare. Marc détestait l’odeur du tabac, mais le cigare, ça allait. Il se leva pour aller dans la cuisine. Des odeurs de chocolat et de vanille en émanaient.
6. Latin
Marc en profita pour lire un album qui traînait sur une étagère sur laquelle se trouvaient différents objets : un silex, un tas de médiators, une caméra, etc.
En s’asseyant, il se cogna le tibia. Ensuite, il s’assit juste à côté de l’aquarium. Il se gratta l’oreille. Un peu de cérumen collait au bout de son doigt. Quand il eut fini, il prit son agenda et constata qu’il avait bientôt des examens. Primo, il ne travaillait pas beaucoup. Secundo, cela ne l’intéressait pas et tertio, en plus du sport, la musique lui prenait beaucoup de temps (il jouait dans un quatuor). Quoi qu’il en soit, il devait apprendre quatre feuilles recto verso. Et encore ! C’était le minimum ! Il devait aussi savoir traduire un texte du latin en français et vice versa ! De plus, il avait perdu beaucoup de temps à travailler gratis pour son oncle ! Marc était furax ! Il alla grignoter un gâteau sans gluten pour passer le temps. Tout à coup, il éternua violemment. Il avait dû attraper un méchant virus.
7. Grec
Marc avait très mal au larynx. Il monta sur sa bicyclette et se dirigea vers la pharmacie la plus proche. Mais comme il habitait dans la périphérie de la ville, c’était fort loin. Il passa devant un stade où des athlètes s’entraînaient, passa devant le musée, le cinéma, la bibliothèque, la cathédrale puis le théâtre. Il passa même devant son lycée (il avait d’ailleurs emporté son sac qui pesait des kilos). Celui-ci était tout à côté de l’hippodrome. Plus qu’un sens giratoire et il arrivait. Catastrophe ! Il trébucha sur un gros morceau de plastique et tomba sur l’asphalte. Il se cogna la tête mais en fut quitte pour une grosse céphalée.
Quand on parle de dictée, et dieu sait qu’on en parle aujourd’hui, force est de constater qu’un modèle s’est gravé dans l’esprit de ceux qui nomment ce pensum venu de la nuit des temps pédagogiques : la dictée, la terrible dictée, celle qui vous vaut de perdre tout espoir d’atteindre la moyenne dès le troisième mot, en un mot la dictée de Pivot. Quelque chose comme ça :
Deux voyageurs, à six heures et demie sonnées, s’étaient étirés dans les couchettes superposées d’une des voitures-lits. Ils s’étaient levés tout titubants et s’étaient fait un brin de toilette avec les moyens du bord. Bien que cela fût malcommode, ils avaient enfilé des jeans et des parkas crème. (in Tests 2001, Devenez un champion en orthographe, Albin Michel)
À vrai dire, les choses ont pas mal évolué. Et depuis qu’à l’IUFM on nous disait que la dictée, c’était le mal incarné, le prof que je suis a pu prendre un peu de distance avec ce genre de propos qui nous a conduits à abandonner purement et simplement l’exercice de la dictée. Il faut dire que si c’était pour mettre des 0 à tire-larigot, on pouvait en effet fort bien s’en passer (et puisque dieu sait tout, il sait aussi combien les élèves ont un problème avec l’orthographe). Et c’est ce que l’on fit. Nombre d’enseignants ne font plus de dictées. Je le sais, je l’ai vu. Moi-même, pendant des années, j’ai abandonné sa pratique pour toutes les raisons que je viens de mentionner, mais aussi parce qu’en français, on fait toujours des choix : lecture, rédaction, exposé, etc. On n’a jamais assez de temps.
Enfin bref, venons-en au sujet qui justifie le titre de ce billet.
Une dictée en rapport avec l’actualité
Chaque matin, entre ma tartine et ma tasse de café, sur mon téléphone, je compulse frénétiquement mes flux RSS à la recherche d’un fait en rapport avec l’actualité. Quand un article a retenu mon attention, j’en extrais une phrase ou je résume l’événement afin d’en faire une dictée. C’est donc une simple phrase qui sera soumise aux élèves.
Pourquoi l’actualité ? Parce qu’elle intéresse les élèves, parce que ce rendez-vous quotidien leur rappelle ce dont ils ont pu discuter avec leurs parents en regardant le journal télévisé, parce que cela ouvre la classe sur ce monde qui bouge sans cesse et dont l’école voudrait bien trop souvent s’abstraire. Enfin bref parce que cela les intéresse, et que bien souvent la dictée est précédée ou suivie de questions, d’interrogations sur des choses, des possibilités qui étaient jusque-là ignorées.
De plus, les dictées sont placées sur Evernote et elles sont suivies d’un lien menant à l’article d’où elles proviennent. L’élève intéressé par l’actualité du jour peut en découvrir davantage.
Une seule phrase
Cette dictée est quotidienne. On ne peut donc lui accorder trop de temps, sinon nous ne ferions plus que ça, et ce serait au détriment de tout le reste. Elle ne doit donc durer qu’un quart d’heure. Comment s’y prend-on ? C’est très simple. C’est devenu une habitude et les élèves dès les premières minutes sortent leur cahier de brouillon. Un élève vient à mon bureau et tape la dictée sur l’ordinateur. Quand tout le monde a noté, on affiche la dictée de celui qui écrivait sur mon ordinateur. Ensuite, chacun de lever la main pour signaler les erreurs ou ce qu’il croyait être des erreurs. Et on explique. Quand je dis « on », c’est moi ou le plus souvent les élèves. On explique pourquoi c’est juste ou pourquoi cela ne l’est pas. Tu ne sais pas ? Eh bien on va l’apprendre.
Bien souvent, ce petit travail orthographique est assorti d’un travail typographique : comment fait-on les majuscules ? le « ç » ? Il y a une espace en trop. Il en manque une, etc. C’est que l’exercice du clavier est pour beaucoup d’élèves une terra complètement incognita.
Non notée
Pour finir, je voudrais tordre le cou à une idée reçue qui colle à la dictée, celle de la note. On n’est pas obligé de noter la dictée. Ce travail quotidien est un simple travail, un exercice au brouillon permettant de dire et redire les choses. Par exemple, le passé composé avec son participe passé, comment se termine-t-il déjà ? Par un « i », par un « s » ou « t » ?. Faut-il ou non l’accorder ? Y a-t-il « être » ou « avoir » ? Au brouillon, on peut avoir faux, on peut s’être trompé, on peut se corriger. Rien n’est grave.
Évidemment, la dictée n’est pas le seul moyen d’évaluer l’orthographe. C’est d’ailleurs ce qui se passe au brevet. On l’évalue par la dictée bien sûr, mais aussi par l’exercice de réécriture et enfin par la rédaction. Mais je dis « évaluation » ! Où avais-je la tête ? Qui parle d’évaluation ? Pourquoi veut-on absolument que la dictée soit une évaluation ? L’orthographe ni évaluée ni notée peut rester un travail sur la langue nécessaire, non pas le seul, mais l’un d’entre eux. Et ce serait dommage de le vouer aux gémonies.
Longtemps, j’ai aimé passionnément mettre les mains dans le cambouis, apprendre à écrire une page web en HTML avec, forcément, du CSS et même du JavaScript ou du PHP. Ça devait flatter mon ego d’enseignant que rien ne préparait à cela, je voulais voir si je pouvais y parvenir. Et dans une sorte d’hybris de newbie, je voulais tout faire moi-même.
Des années après, j’ai un peu changé d’avis. Ralentir travaux est devenu une grosse machine manquant de souplesse et je n’ai pas forcément le temps nécessaire à lui consacrer. Qui plus est, je me suis mis à écrire des livres (des ePubs). Mais cette fois, je ne m’y suis pas laissé prendre. J’utilise des logiciels, des apps comme on dit maintenant. Et c’est fabuleux ! Je peux produire un tas de trucs sans avoir à écrire une seule ligne de code. C’est d’ailleurs pour ça que j’estime que l’enseignement de la programmation au collège est superfétatoire, mais c’est une autre histoire…
Bref, aujourd’hui, je suis convaincu par ceci : mon job, c’est d’enseigner et le numérique doit me permettre de faire les choses bien et rapidement. Pour cela, il y a pléthore d’applications. On parle d’iTunes U, de Google for education, de Pronote, d’ENT et de je ne sais trop quoi encore…
Pour ma part, j’utilise Evernote (comme les potes Ghislain et François auxquels ce billet doit beaucoup voire tout), et ça me change la vie.
De quoi s’agit-il ?
Evernote est une application de prise de notes. Je crois même qu’il est inutile de la présenter, mais sachez que cette application tient davantage du traitement de texte que de la petite application genre Notes sur iPhone. Vous trouverez une barre d’outils offrant les principales options de formatage (choix de la police, taille, gras, italique, etc.). On peut même faire des tableaux !
J’utilise donc Evernote en classe. J’ai mon ordinateur, et au lieu d’écrire au tableau, j’écris dans Evernote que je projette grâce au vidéoprojecteur que j’ai la chance d’avoir dans ma salle (la plupart des collèges que j’ai vus en sont équipés).
Ainsi, le cours est déjà rédigé. De plus, en haut à droite, se trouve une option de partage.
Le cours est donc partagé avec les élèves (comme vous partageriez un doc avec Dropbox ou Google). Ceux-ci ou leurs parents m’ont donné leur adresse mail (tout comme je leur donne la mienne). Et comme l’application se synchronise automatiquement en ligne, quand mon cours est écrit, il est déjà sur internet. Les élèves absents, alités par exemple ou même les parents un peu curieux peuvent suivre le cours en cours de rédaction (pas très jolie, la formule). De plus, Evernote s’installe partout : sur mon Mac, sur mon PC, sur mon iPhone ou sur un Android ou un Windows Phone ou sur un navigateur. Je dois confesser que j’aime beaucoup l’idée que mes élèves aient leur cahier dans la poche. Moi même, j’ai mon bureau dans la poche. Je m’ennuie en attendant mes filles qui font des emplettes chez Séphora ou H&M ? Je m’assois dans un coin, sors mon téléphone, lance Evernote et je me mets à rédiger quelques projets, à commencer quelques cours.
Remarquez que la fonction de partage ne se fait pas seulement entre profs et élèves ou parents, mais les élèves (s’ils sont équipés d’ordinateurs, de tablettes ou de leur propre téléphone) peuvent partager entre eux leurs cours. Je peux aussi avoir accès au cahier numérique de mes élèves. Tout le temps, sans avoir rien à ramasser.
Et puis, il y a le chat ! On peut discuter avec les élèves ou les parents. On peut éclaircir tel ou tel point. Quel temps gagné ! Que d’erreurs évitées !
Un cahier numérique
En effet, Evernote est un véritable cahier numérique. Je m’en sers personnellement depuis 2008 ou 2009, mais ce n’est que tout récemment que j’ai compris l’intérêt que les élèves pouvaient y trouver.
Mes élèves dotés d’un ordinateur prennent leurs cours ainsi. Ils écrivent leurs cours ainsi. Leur cahier, c’est Evernote. Ils écrivent, mais peuvent aussi ajouter des images. C’est ce que je fais moi-même. Je prends le tableau en photo et je mets les photos dans le cours.
Ainsi, les choses vont très vite. Il faut reconnaître que j’ai la chance d’avoir un double tableau : l’un pour projeter, l’autre pour écrire à la main. Je peux alors profiter du meilleur des deux mondes numérique et analogique. On joue sur les deux tableaux. Tandis que des consignes, des documents, le cours sont affichés à gauche, les élèves peuvent tout de même se rendre au tableau et écrire. Parfois, il est d’ailleurs plus simple d’écrire à la main, de faire un schéma à main levée, etc. Pour ne pas avoir à me faire des nœuds au cerveau en me demandant comment retranscrire tout cela numériquement, je prends donc le tableau en photo.
Ainsi, je n’ai même pas à recopier quoi que ce soit et les cours sont instantanément sur internet.
On peut faire bien d’autres choses encore. L’enseignant ou l’élève peut annoter des images. C’est la même chose qu’avec Skitch.
On peut même écrire à la main si l’on possède l’application Penultimate, mais je m’en sers assez peu.
Et aussi
Deux autres possibilités ont récemment retenu mon attention (je vous en parle, même si cela n’a pas vraiment de lien avec la question des cours en ligne, mais cela peut tout de même vous intéresser) : le Mode présentation et la fonction Enregistrer l’audio.
Le Mode présentation permet de présenter le cours de façon plus lisible, plus séduisante à l’œil, un peu à la façon d’une présentation Keynote ou PowerPoint, mais sans avoir à refaire votre fichier texte pour le transformer en diapositive. C’est encore un gain de temps.
Quant à la fonction Enregistrer l’audio, je l’utilise de diverses manières. Je peux bien sûr l’utiliser pour enregistrer ma propre voix. Ce peut être pour lire un poème ou pour enregistrer une dictée comme je le fais sur Ralentir travaux, mais je préfère encore laisser cette possibilité à mes élèves qui se sont transformés récemment en petits journalistes et qui ont utilisé Evernote comme un dictaphone pour enregistrer leurs interviews.
Bref, cette application est merveilleuse. Elle est multiplateforme. Elle est gratuite (seule la fonction Présentation est réservée au modèle Pretium), et je vous assure que ce billet n’est pas un publireportage.
Vous n’êtes toujours pas convaincu ?
Allez ! Une dernière chose.
J’ai pris l’habitude de ne pas faire confiance au réseau du collège. J’ai pris également l’habitude de ne pas laisser les élèves errer vainement sur le web à la recherche d’infos. C’est pourquoi, quand je donne un travail de recherches à faire, je fais une sélection des sites que les élèves devront visiter. À cet effet, je place dans un carnet une sélection de sites que les élèves liront.
Mais mieux encore, je télécharge, aspire toutes les pages, vidéos, PDF que les élèves devront lire. Le carnet est partagé, les données téléchargées par les élèves (ou par moi) et on gagne un temps fou !
La semaine dernière, ma fille aînée s’est cassé le bras. Elle s’est fait terriblement mal, n’est pas allée en classe et a manqué quelques jours de classe. Elle a dû alors rattraper les cours qu’elle n’avait pas suivis. Or la chose n’est pas aisée. Nombre d’enseignants voudraient le croire, nombre d’entre eux vous expliqueront qu’ils se débrouillaient tout seuls quand ils étaient élèves (éventuellement avec des insultes, mais ils vous l’expliqueront ou, plus précisément, ils vous assèneront leur opinion avec insulte éventuellement).
Il me semble que la plupart des difficultés rencontrées par un élève qui a été absent pourraient disparaître si les cours des enseignants étaient en ligne. Le présent billet ambitionne d’expliquer pourquoi. Un autre expliquera comment.
Mettre ses cours en ligne
En « discutant » sur Twitter, j’ai pu constater un premier quiproquo. Quand je dis « mettre les cours en ligne », j’entends par « cours » tout ce qui pourrait prendre place dans un cahier ou un classeur. Cela comprend les documents que vous auriez pu photocopier ainsi que la leçon que vous avez dictée ou faite en classe, ce qu’on nomme parfois si disgracieusement la « trace écrite ».
Il va de soi que cette « trace » n’est que le pâle reflet de ce qui fait toute la richesse d’un cours : la stratégie pédagogique mise en œuvre, les explications orales, les interventions des élèves, etc. À moins que vous ne soyez jusqu’au-boutiste, vous n’allez tout de même pas placer une webcam dans votre salle pour tout filmer et mettre sur YouTube ! Outre les problèmes que cela pourrait poser (droits, poids du fichier…), ça aurait un petit côté NSA. Notez tout de même que la chose serait assez aisée : placez une tablette, allumez la caméra et diffusez.
Mais, par pitié, n’invoquez pas votre salaire pour ne rien faire. J’expliquerai dans un autre billet comment mettre des cours en ligne en 2 minutes chrono, mais quoi qu’il en soit il faut bien admettre que le numérique ne doit pas constituer nécessairement une charge de travail (ce qui peut bien souvent être le cas), mais au contraire aider l’enseignant à faire les choses mieux, plus vite et plus efficacement. Dans le cas contraire, à quoi serviraient les machines ? Pourquoi avoir des ordinateurs ?
À ce propos, il faut se sortir de la tête l’idée fausse que les machines remplaceront les enseignants. Pascal Labout, dans son documentaire L’école du futur, a bien montré ce qu’il en était quand d’aucuns envisageaient de mettre des élèves sans professeur face à des ordinateurs. Sans véritable contact humain, l’enfant s’appauvrit, déprime et n’apprend pas. Développer ce point m’amènerait assez loin de mon sujet, mais je crois fortement, comme je l’ai lu chez Clive Thompson dans Smarter than you think, que l’homme doit travailler avec la machine. L’homme est alors une sorte de centaure (tenant à la fois de l’humain et de l’ordinateur) dont j’ai un peu parlé dans l’article Dialogue sur le numérique à l’école.
Le cours en ligne
Le cours en ligne ne se substitue pas au véritable cours (comment le pourrait-il ?), mais constitue un prolongement assez banal du processus d’apprentissage, le même qui fait qu’un élève possède un cahier. C’est d’ailleurs là la fonction de l’écriture, celle de permettre d’inscrire durablement les choses dans la mémoire. Rien de neuf depuis Socrate. Un élève a besoin d’apprendre lorsqu’il rentre chez lui, et sa mémoire n’étant pas infaillible, il a besoin de noter ce qui a été dit.
Il peut avoir mal noté, il peut avoir oublié de noter quelque chose, il peut avoir mal compris, il peut n’avoir pas noté et ce sont alors les parents qui auront peut-être le besoin de savoir ce qui a été noté, si d’aventure l’enfant essaie de se dérober à la charge de travail qui lui incombe. Et s’il a été absent, il n’a évidemment rien noté du tout.
Il y a donc une réelle nécessité, pour telle ou telle raison, de pouvoir accéder au travail qui a été fait. La technique le permettant aisément, il n’y a aucune raison pour qu’on ne donne pas cet accès. Cela d’autant plus que le cours en ligne se partage, il se diffuse, il s’enrichit des commentaires des visiteurs. Et en cela, il y a du neuf depuis Socrate : l’écrit ne fixe plus une pensée qui abandonne la richesse du dialogue (1). Vous pouvez alors nuancer, expliquer à nouveau et même vous corriger. Quand on partage un cours sur Evernote, par exemple, un élève ou un parent peut à tout moment poser une question. À ce propos, je peux vous affirmer que depuis le temps que je donne mon adresse email, personne n’en a abusé. Ma vie privée n’est pas violée, perturbée, envahie par le domaine professionnel. De temps à autre, une question est posée : « Monsieur, c’est bien ça qu’il faut faire ? », « Monsieur, c’est bien ceci qu’il fallait comprendre ici ? », et c’est à peu près tout.
Les élèves présents ont donc besoin de vous, mais si ceux-là ont ce besoin que dire des élèves qui n’étaient pas là ?
Les absents
Ils ont toujours tort. C’est à ce point que, dès qu’on parle d’absent, on pense absentéisme. Même, parfois, ce dernier remplace le premier. On parle d’absentéisme, comme on parle de technologie au lieu de technique, de problématique au lieu de problème, etc. L’absent est suspect. Où était-il ? Était-il absent pour un véritable motif ?
Pire encore. L’enseignant estime bien souvent que l’élève doit se débrouiller pour rattraper les cours. Il estime que c’est LE travail de l’élève. Or rien n’est plus faux. Voici pourquoi.
Le travail de l’élève consiste à apprendre, pas à dénicher par tous les moyens le cours. L’élève qui a été absent dépense une énergie considérable (non pas à apprendre) mais à contacter (par téléphone, mail, SMS voire les réseaux sociaux) des élèves susceptibles de lui transmettre les cours.
Cette transmission doit se faire le plus souvent avant la reprise des cours. L’élève sérieux aura à cœur d’arriver en classe en ayant rattrapé ce qu’il a manqué. Le weekend est donc dévolu à une lente et parfois infructueuse recherche : tel élève ne répond pas, tel autre ne donne qu’une partie des devoirs. Celui-ci a oublié de transmettre telle info (« Au fait, désolé, j’ai oublié de te dire que là, y a contrôle »), celui-là a délibérément omis de transmettre telle partie du cours, rivalité oblige. Si, si ! Vous pouvez me croire. Je suis et enseignant et parent.
La photocopie est frappée d’inanité : elle arrive quand l’élève est revenu. L’élève découvre ce qu’il y avait à faire pour le cours qui va être fait. C’est un non-sens. Le rattrapage des cours est une lutte contre le temps : l’absent rattrape le passé pour suivre ce qui va se passer. Je crois que les choses sont assez compliquées, y compris pour un bon élève, pour qu’on ne le laisse pas se dépatouiller ainsi.
On ne peut, pour maintes raisons susmentionnées, s’en remettre à des élèves pour qu’un rattrapage soit effectué. C’est un peu pour la même raison que pour les devoirs : si on estime que c’est hors de l’école que le travail doit être effectué, on délègue. On reconnaît que le travail scolaire se fait hors de l’école. C’est, à mon humble avis, un autre non-sens. Un peu comme si on demandait à un boulanger de finir ses baguettes à la maison… Ça n’a pas vraiment de sens. La direction, c’est celle de l’école, pas celle de la maison.
Ce que fait l’Éducation nationale
L’école se désintéresse de la question du rattrapage. Je dis l’école comme je dirais l’institution. Rien n’est mis en place, rien n’est organisé. On s’en remet à la seule bonne volonté des uns et des autres, des élèves, des enseignants ou des parents. Dans le fond, l’institution s’en fout un peu. C’est peut-être pour ça que 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans qualification. Peut-être qu’une aide leur a fait défaut, leur a certainement fait défaut (je sais bien que tel ou tel enseignant se dira que certaines grosses feignasses ne veulent rien faire… mais on n’est pas obligé d’avoir l’élève en suspicion).
Ma fille aînée, toujours, a eu, après une lourde opération du dos, huit mois d’absence (là, c’était beaucoup plus grave que le coude cassé). Que propose l’Éducation nationale ? Un peu de SAPAD qui n’a pas eu lieu ? Un peu de CNED qui vous explique que quand vous êtes sous morphine, vous n’êtes décidément pas très productif ? En fait, seuls les collègues – mes merveilleux et super collègues que je ne remercierai jamais assez – se sont démenés, sont venus à la maison, à l’hôpital pour apporter à ma fille une aide qui plus est gratuite !
Chacun va donc se débrouiller, faire comme il peut et on verra bien. Et que voit-on ? De l’échec scolaire. Quand on a rencontré les chirurgiens pour notre fille, c’est la première chose que l’on nous a demandée : quel est son niveau scolaire ? Car les difficultés scolaires sont bien souvent le lot de tous ces nombreux élèves hospitalisés (2).
Or il devrait exister une prise en charge des élèves absents, une vraie (pas un simulacre) quitte à créer des emplois, ce qui me semblerait une bonne chose, non ? Parce qu’il faut quand même le reconnaître, le seul argument valable qui m’ait été donné sur Twitter, c’est que l’élève a besoin d’explications, d’une véritable aide, pas seulement d’une photocopie ou d’un cours en ligne. Ne pouvant remonter le temps et ne bénéficiant que du seul cahier, l’absent a manqué d’importants moments. Ces moments ne peuvent être récupérés que par un planning dûment organisé, mais un tel planning n’existe pas ou peu. Il va aussi de soi qu’une absence ponctuelle ne saurait avoir autant d’impact que des absences répétées et que la prise en charge ne saurait être la même.
En somme, le cours en ligne n’est qu’un pis-aller, mais c’est toujours mieux que rien.
Notes
1 – C’est que l’écriture, Phèdre, a, tout comme la peinture, un grave inconvénient. Les œuvres picturales paraissent comme vivantes ; mais, si tu les interroges, elles gardent un vénérable silence. Il en est de même des discours écrits. Tu croirais certes qu’ils parlent comme des personnes sensées ; mais, si tu veux leur demander de t’expliquer ce qu’ils disent, ils te répondent toujours la même chose. Une fois écrit, tout discours roule de tous côtés ; il tombe aussi bien chez ceux qui le comprennent que chez ceux pour lesquels il est sans intérêt ; il ne sait point à qui il faut parler, ni avec qui il est bon de se taire. S’il se voit méprisé ou injustement injurié, il a toujours besoin du secours de son père, car il n’est pas par lui-même capable de se défendre ni de se secourir. (Phèdre)
1 – Je précise que ma fille n’a aucune difficulté scolaire. Je le précise, car je devine aisément qu’on me reprocherait de l’amertume, de l’aigreur (certains l’ont déjà fait) et qu’on me reprocherait de ne m’intéresser à tout cela qu’en raison des résultats de ma progéniture. Merci. Ils sont très bons, mais l’excellence scolaire est le fruit du travail, pas toujours facilité, et en aucun cas des fées qui se sont penchées sur son berceau.