Longtemps, j’ai aimé passionnément mettre les mains dans le cambouis, apprendre à écrire une page web en HTML avec, forcément, du CSS et même du JavaScript ou du PHP. Ça devait flatter mon ego d’enseignant que rien ne préparait à cela, je voulais voir si je pouvais y parvenir. Et dans une sorte d’hybris de newbie, je voulais tout faire moi-même.
Des années après, j’ai un peu changé d’avis. Ralentir travaux est devenu une grosse machine manquant de souplesse et je n’ai pas forcément le temps nécessaire à lui consacrer. Qui plus est, je me suis mis à écrire des livres (des ePubs). Mais cette fois, je ne m’y suis pas laissé prendre. J’utilise des logiciels, des apps comme on dit maintenant. Et c’est fabuleux ! Je peux produire un tas de trucs sans avoir à écrire une seule ligne de code. C’est d’ailleurs pour ça que j’estime que l’enseignement de la programmation au collège est superfétatoire, mais c’est une autre histoire…
Bref, aujourd’hui, je suis convaincu par ceci : mon job, c’est d’enseigner et le numérique doit me permettre de faire les choses bien et rapidement. Pour cela, il y a pléthore d’applications. On parle d’iTunes U, de Google for education, de Pronote, d’ENT et de je ne sais trop quoi encore…
Pour ma part, j’utilise Evernote (comme les potes Ghislain et François auxquels ce billet doit beaucoup voire tout), et ça me change la vie.
De quoi s’agit-il ?
Evernote est une application de prise de notes. Je crois même qu’il est inutile de la présenter, mais sachez que cette application tient davantage du traitement de texte que de la petite application genre Notes sur iPhone. Vous trouverez une barre d’outils offrant les principales options de formatage (choix de la police, taille, gras, italique, etc.). On peut même faire des tableaux !
J’utilise donc Evernote en classe. J’ai mon ordinateur, et au lieu d’écrire au tableau, j’écris dans Evernote que je projette grâce au vidéoprojecteur que j’ai la chance d’avoir dans ma salle (la plupart des collèges que j’ai vus en sont équipés).
Ainsi, le cours est déjà rédigé. De plus, en haut à droite, se trouve une option de partage.
Le cours est donc partagé avec les élèves (comme vous partageriez un doc avec Dropbox ou Google). Ceux-ci ou leurs parents m’ont donné leur adresse mail (tout comme je leur donne la mienne). Et comme l’application se synchronise automatiquement en ligne, quand mon cours est écrit, il est déjà sur internet. Les élèves absents, alités par exemple ou même les parents un peu curieux peuvent suivre le cours en cours de rédaction (pas très jolie, la formule). De plus, Evernote s’installe partout : sur mon Mac, sur mon PC, sur mon iPhone ou sur un Android ou un Windows Phone ou sur un navigateur. Je dois confesser que j’aime beaucoup l’idée que mes élèves aient leur cahier dans la poche. Moi même, j’ai mon bureau dans la poche. Je m’ennuie en attendant mes filles qui font des emplettes chez Séphora ou H&M ? Je m’assois dans un coin, sors mon téléphone, lance Evernote et je me mets à rédiger quelques projets, à commencer quelques cours.
Remarquez que la fonction de partage ne se fait pas seulement entre profs et élèves ou parents, mais les élèves (s’ils sont équipés d’ordinateurs, de tablettes ou de leur propre téléphone) peuvent partager entre eux leurs cours. Je peux aussi avoir accès au cahier numérique de mes élèves. Tout le temps, sans avoir rien à ramasser.
Et puis, il y a le chat ! On peut discuter avec les élèves ou les parents. On peut éclaircir tel ou tel point. Quel temps gagné ! Que d’erreurs évitées !
Un cahier numérique
En effet, Evernote est un véritable cahier numérique. Je m’en sers personnellement depuis 2008 ou 2009, mais ce n’est que tout récemment que j’ai compris l’intérêt que les élèves pouvaient y trouver.
Mes élèves dotés d’un ordinateur prennent leurs cours ainsi. Ils écrivent leurs cours ainsi. Leur cahier, c’est Evernote. Ils écrivent, mais peuvent aussi ajouter des images. C’est ce que je fais moi-même. Je prends le tableau en photo et je mets les photos dans le cours.
Ainsi, les choses vont très vite. Il faut reconnaître que j’ai la chance d’avoir un double tableau : l’un pour projeter, l’autre pour écrire à la main. Je peux alors profiter du meilleur des deux mondes numérique et analogique. On joue sur les deux tableaux. Tandis que des consignes, des documents, le cours sont affichés à gauche, les élèves peuvent tout de même se rendre au tableau et écrire. Parfois, il est d’ailleurs plus simple d’écrire à la main, de faire un schéma à main levée, etc. Pour ne pas avoir à me faire des nœuds au cerveau en me demandant comment retranscrire tout cela numériquement, je prends donc le tableau en photo.
Ainsi, je n’ai même pas à recopier quoi que ce soit et les cours sont instantanément sur internet.
On peut faire bien d’autres choses encore. L’enseignant ou l’élève peut annoter des images. C’est la même chose qu’avec Skitch.
On peut même écrire à la main si l’on possède l’application Penultimate, mais je m’en sers assez peu.
Et aussi
Deux autres possibilités ont récemment retenu mon attention (je vous en parle, même si cela n’a pas vraiment de lien avec la question des cours en ligne, mais cela peut tout de même vous intéresser) : le Mode présentation et la fonction Enregistrer l’audio.
Le Mode présentation permet de présenter le cours de façon plus lisible, plus séduisante à l’œil, un peu à la façon d’une présentation Keynote ou PowerPoint, mais sans avoir à refaire votre fichier texte pour le transformer en diapositive. C’est encore un gain de temps.
Quant à la fonction Enregistrer l’audio, je l’utilise de diverses manières. Je peux bien sûr l’utiliser pour enregistrer ma propre voix. Ce peut être pour lire un poème ou pour enregistrer une dictée comme je le fais sur Ralentir travaux, mais je préfère encore laisser cette possibilité à mes élèves qui se sont transformés récemment en petits journalistes et qui ont utilisé Evernote comme un dictaphone pour enregistrer leurs interviews.
Bref, cette application est merveilleuse. Elle est multiplateforme. Elle est gratuite (seule la fonction Présentation est réservée au modèle Pretium), et je vous assure que ce billet n’est pas un publireportage.
Vous n’êtes toujours pas convaincu ?
Allez ! Une dernière chose.
J’ai pris l’habitude de ne pas faire confiance au réseau du collège. J’ai pris également l’habitude de ne pas laisser les élèves errer vainement sur le web à la recherche d’infos. C’est pourquoi, quand je donne un travail de recherches à faire, je fais une sélection des sites que les élèves devront visiter. À cet effet, je place dans un carnet une sélection de sites que les élèves liront.
Mais mieux encore, je télécharge, aspire toutes les pages, vidéos, PDF que les élèves devront lire. Le carnet est partagé, les données téléchargées par les élèves (ou par moi) et on gagne un temps fou !
Elle est pas belle, la vie ?