Dans ce poème, contrairement à ce qu’annonce le titre, nous avons non pas un mais deux personnages : le pauvre honteux et sa main. En effet, la main est personnifiée. Il s’agit d’une figure de style qu’on appelle la personnification. Quand un objet ou un animal reçoit des caractéristiques humaines (pensées, sentiments…), on dit qu’il est personnifié. Dans le poème, la main dit : « Adieu, embrasse-moi » (impératif présent).
Ce poème est composé de plusieurs strophes commençant toutes par les pronoms personnels « il l’… ». On a ainsi une autre figure de style que l’on appelle l’anaphore : c’est la répétition d’un mot ou d’un groupe de mots à la même place (ici au début de chaque strophe).
Le poème réussit le tour de force de désigner la main sans jamais la nommer. Ce n’est qu’à la chute du poème que l’on comprend que ce qui est évoqué est en fait une main. Une chute est une fin surprenante. Tout au long du poème, le nom « main » est désigné par le pronom personnel « l’». On ne sait donc pas de quoi il s’agit. Tout au plus sait-on qu’il s’agit d’une chose féminine puisque le participe passé est au féminin :
« Il l’a tirée »
participe passé
Rappelons que le participe passé (« tirée ») s’accorde avec le COD (« l ») quand celui-ci est placé devant le verbe (« a tirée »).
Le rythme s’accélère à la fin avec une strophe de tétrasyllabes (vers de quatre syllabes) en une seule phrase annonçant la chute.
Cet acte atroce d’automutilation ne peut être pris au sérieux. On est à la limite de l’absurde (la main n’offre qu’une maigre nourriture et la mutilation comme procédé de survie ne peut que mener à une mort certaine ; de plus, le pauvre fait véritablement la cuisine avec sa propre main, prenant littéralement le conseil parental). Enfin, de nombreux détails réalistes invitent à penser qu’on a là plutôt de l’humour noir : « Il l’a lavée,/ Il l’a portée,/ Il l’a grillée,/ Il l’a mangée. » On rit en effet d’une chose qui, a priori, n’est pas drôle (un pauvre affamé). C’est donc bien de l’humour noir.
Remarquons que l’adverbe « encore » s’écrit sans « e ». C’est une licence poétique. Cela permet de modifier l’orthographe de certains mots afin d’avoir le nombre voulu de syllabes, en l’occurrence un hexasyllabe (vers de six syllabes) :
En/cor/ plus/ qu'un/ ba/zar.
Si « encore » avait été écrit normalement, le vers compterait sept syllabes. Ce serait donc un heptasyllabe.