Ce poème est composé de quatre strophes.
Les deux premières ont quatre vers. Ce sont des quatrains.
Les deux suivantes ont trois vers. Ce sont des tercets.
On appelle un poème ainsi construit un sonnet. Le sonnet est une forme poétique comme le rondeau ou la fable.
Il ne faut pas confondre vers et phrase. La première phrase commence au premier vers pour se terminer au quatrième.
Tous les vers ont 12 syllabes. Ce sont des dodécasyllabes. On les appelle plus souvent des alexandrins :
Quand/ les/ trois/ dé/i/tés// à/ la/ char/man/te/ voix
Ce sonnet rapporte l’histoire de la pomme de la discorde de façon un peu différente que celle que nous avons lue précédemment. Il a pour titre « La déesse » (qui est un singulier à rapprocher des « trois déités ») désignant Vénus, celle-là même qui remporte le fameux concours de beauté. Deux strophes entières lui sont consacrées.
Elle incarne la beauté, qui lui permet de persuader Pâris, alors que les autres déesses lui promettent monts et merveilles propres à séduire un homme. Pallas (Athéna ou Minerve) promet à Pâris d’être le plus grand guerrier. Il remportera « de terribles exploits ». Il sera un héros. Junon (Héra) lui promet de devenir le roi des rois. Tout le monde obéira (« sous les fronts inclinés des peuples et des rois ») sous ses lois, mais aussi sous sa fantaisie. Mais c’est la beauté révélée dans toute sa nudité qui a le même pouvoir que la parole. C’est ce que montre le champ lexical de la parole : « lèvre éloquente », « persuadas », « grande silencieuse ».
On remarquera le paradoxe qui mêle le silence («grande silencieuse »), éloquence (« lèvre éloquente »), et musique (« vision faite de purs accords »).
Généralement, un sonnet s'achève sur une chute. C'est le cas dans le poème de Théodore de Banville : la déesse de la beauté convainc silencieusement en révélant sa nudité. Elle n'a même pas besoin de parler. L'événement est suffisamment exceptionnel pour être rapporté. D'autres, comme Actéon, sont morts pour avoir aperçu la nudité d'une déesse, mais c'est une autre histoire.
Le paradoxe est une opinion qui va à l’encontre de l’opinion commune, c’est-à-dire généralement admise par tout un chacun.
Ainsi, on ne peut être éloquent (c’est-à-dire persuader, convaincre en s’exprimant bien) et silencieux à la fois. C’est paradoxal. On peut dire plus simplement que c’est contradictoire, mais pourtant la déesse est à la fois éloquente et persuasive. On parle donc de paradoxe.
Le paradoxe désigne également une phrase qui est à la fois vraie et fausse. On a un exemple fameux avec le paradoxe du menteur : si le menteur dit qu’il ment, il ne ment pas. Le menteur dit la vérité en affirmant qu’il ment !
La métonymie est une figure de style qui consiste à utiliser un mot à la place d’un autre. On peut, par exemple, désigner le contenu par le contenant. Boire un verre est une métonymie. On boit le contenu non le verre (le contenant).
Quand le poète parle de "lèvre", c’est une image et une métonymie qui désignent la parole.