La versification est l’étude des vers, c’est-à-dire que l’on va dire combien un vers a de syllabes, où se place la césure... Étudier les vers, c'est enfin s'intéresser à la qualité des rimes, à leur disposition ainsi qu'à leur nature.
Attention, les règles de la poésie ne sont pas celles de la prose.
En effet, si le mot « maître » ne fait normalement qu’une syllabe, dans un poème, il peut compter pour deux syllabes. C’est ce qu’on appelle la règle du « e » muet.
- Si un mot se terminant par un « e » est suivi d’un autre mot commençant par une consonne, alors ce mot comptera une syllabe supplémentaire, car le « e » sera prononcé et compté.
Exemple :
Maî/tre/ Re/nard/...
Le mot « maître » compte pour deux syllabes « maî » et « tre », le « e » final du mot se trouvant devant un mot (« Renard ») commençant par une consonne (le « r »). On place donc la coupe devant ce « e ».
- Si un mot se terminant par un « e » est suivi d’un mot commençant par une voyelle, alors le « e » ne comptera pas.
Exemple :
Il/ ou/vre un/...
Le mot « ouvre » n’est pas suivi d’une coupe puisqu’il est suivi d’un mot commençant par une voyelle.
Excepté la règle du « e », séparer les syllabes est fort simple. Chacune des syllabes d’un vers est séparée par une barre oblique que l’on appelle la coupe (/) :
Sans/ men/tir/, si/ vo/tre/ ra/mage
On ne met pas de coupe à la fin du vers, et on remarquera que le « e » final (celui de « ramage » ne compte pas).
On appelle la césure la double barre (//) qui sépare un vers en deux parties. Chaque partie du vers s’appelle l’hémistiche. Parfois, la césure se place au même endroit que la virgule :
Sans/ men/tir//, si/ vo/tre/ ra/mage
Premier hémistiche Deuxième hémistiche
On remarquera que les deux hémistiches n’ont pas la même longueur. Le premier fait trois syllabes, le deuxième en fait cinq.
Le type de vers dépend du nombre de syllabes. Ainsi un vers de huit syllabes est appelé un octosyllabe :
Et/pour/ mon/trer// sa/ be/lle/ voix
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Un vers de dix syllabes est un décasyllabe :
Maî/tre/ Re/nard//, par/ l'o/deur/ a/llé/ché,
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Un vers de douze syllabes est un dodécasyllabe qu’on appelle généralement un alexandrin :
Ju/ra/, mais/ un/ peu/ tard//, qu'on/ ne/ l'y/ pren/drait/ plus.
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Autres vers :
Un vers d’une syllabe est un monosyllabe.
Un vers de deux syllabes est un dissyllabe.
Un vers de trois syllabes est un trisyllabe.
Un vers de quatre syllabes est un tétrasyllabe.
Un vers de cinq syllabes est un pentasyllabe.
Un vers de six syllabes est un hexasyllabe.
Un vers de sept syllabes est un heptasyllabe.
Un vers de neuf syllabes est un ennéasyllabe.
Un vers de onze syllabes est un hendécasyllabe.
Cette partie a déjà fait l'objet d'une leçon.
Prenons les quatre premiers vers de la fable « La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf » :
Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Chaque rime est symbolisée par une lettre (A, B, C, D...). Les rimes sont disposées selon un certain ordre.
Dans ce poème, elles sont croisées :
BoeufA
tailleB
œufA
travailleB
Elles pourraient être suivies (on dit également plates) si l'on avait la disposition suivante :
BoeufA
œufA
tailleB
travailleB
Enfin, elles pourraient être embrassées :
BoeufA
tailleB
travailleB
œufA
Résumons :
Les rimes croisées ont la disposition suivante : ABAB.
Les rimes plates ont cette disposition : AA BB (CC DD...).
Les rimes embrassées ont celle-ci : ABBA.
Dans les fables de Jean de La Fontaine, on dit que les rimes sont mêlées, car on trouve souvent plusieurs voire les trois dispositions dans un même poème.
Les rimes se terminant par un e sont dites féminines. Une rime féminine peut se terminer, au pluriel, par s ou nt. Toutes les autres sont des rimes masculines.