La scène d’exposition a pour but d’exposer un certain nombre d’informations nécessaires à la compréhension de la pièce : essentiellement les personnages, l’époque, le lieu et l’intrigue.
Toutes ces informations vont nous permettre de comprendre la pièce qui débute et dont, souvent, l’histoire a déjà commencé (le fameux début « in medias res »). Ces informations peuvent être aussi diverses et simples que coller un nom sur un visage, apporter des informations sur les personnages et leur relation, exposer les principaux thèmes de la pièce, présenter les enjeux, les obstacles, etc.
Afin d’analyser une scène d’exposition, interrogez-vous sur les points suivants :
ACOMAT, OSMIN.
Viens, suis-moi. La sultane en ce lieu se doit rendre.
Je pourrai cependant te parler et t’entendre.
Et depuis quand, seigneur, entre-t-on dans ces lieux
Dont l’accès était même interdit à nos yeux ?
Jadis une mort prompte eût suivi cette audace.
Quand tu seras instruit de tout ce qui se passe,
Mon entrée en ces lieux ne te surprendra plus.
Mais laissons, cher Osmin, les discours superflus.
Que ton retour tardait à mon impatience !
Et que d’un œil content je te vois dans Byzance !
Instruis-moi des secrets que peut t’avoir appris
Un voyage si long pour moi seul entrepris.
De ce qu’ont vu tes yeux parle en témoin sincère ;
Songe que du récit, Osmin, que tu vas faire,
Dépendent les destins de l’empire ottoman.
Qu’as-tu vu dans l’armée, et que fait le sultan ?
JOCASTE, OLYMPE.
Ils sont sortis, Olympe ? Ah, mortelles douleurs !
Qu’un moment de repos me va coûter de pleurs !
Mes yeux depuis six mois étaient ouverts aux larmes,
Et le sommeil les ferme en de telles alarmes !
Puisse plutôt la mort les fermer pour jamais,
Et m’empêcher de voir le plus noir des forfaits !
Mais en sont-ils aux mains ?
Du haut de la muraille
Je les ai vus déjà tous rangés en bataille ;
J’ai vu déjà le fer briller de toutes parts ;
Et pour vous avertir j’ai quitté les remparts.
J’ai vu, le fer en main, Étéocle lui-même ;
Il marche des premiers ; et d’une ardeur extrême,
Il montre aux plus hardis à braver le danger.
N’en doutons plus, Olympe, ils se vont égorger.
(À un page.)
Que l’on coure avertir et hâter la princesse ;
Je l’attends. Juste ciel, soutenez ma faiblesse !
Il faut courir, Olympe, après ces inhumains ;
Il les faut séparer, ou mourir par leurs mains.
ORESTE, PYLADE.
Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle ;
Et déjà son courroux semble s’être adouci,
Depuis qu’elle a pris soin de nous rejoindre ici.
Qui l’eût dit, qu’un rivage à mes vœux si funeste
Présenterait d’abord Pylade aux yeux d’Oreste ?
Qu’après plus de six mois que je t'avais perdu,
À la cour de Pyrrhus tu me serais rendu ?
J’en rends grâces au ciel, qui m’arrêtant sans cesse
Sembloit m’avoir fermé le chemin de la Grèce,
Depuis le jour fatal que la fureur des eaux
Presque aux yeux de l’Épire écarta nos vaisseaux.
Combien dans cet exil ai-je souffert d’alarmes !
Combien à vos malheurs ai-je donné de larmes,
Craignant toujours pour vous quelque nouveau danger
Que ma triste amitié ne pouvoit partager !
Surtout je redoutais cette mélancolie
Où j’ai vu si longtemps votre âme ensevelie.
Je craignais que le ciel, par un cruel secours,
Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours.
Mais je vous vois, Seigneur ; et si j’ose le dire,
Un destin plus heureux vous conduit en Épire :
Le pompeux appareil qui suit ici vos pas
N’est point d’un malheureux qui cherche le trépas.
Hélas ! qui peut savoir le destin qui m’amène ?
L’amour me fait ici chercher une inhumaine.
Mais qui sait ce qu’il doit ordonner de mon sort,
Et si je viens chercher ou la vie ou la mort ?