De manière générale, on désigne par humanisme une philosophie qui place l'homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs.
En un sens plus strict, c’est un mouvement intellectuel qui s'épanouit surtout dans l'Europe du XVIe siècle et qui tire ses méthodes et sa philosophie de l'étude des textes antiques. De ce point de vue, l’humanisme est un phénomène essentiellement littéraire.
L’Occident est la civilisation de Narcisse, c’est-à-dire de l’homme qui ne se lasse pas de questionner son reflet dans l’eau et qui ne pose ses éternelles questions au grand univers que pour méditer encore et toujours en miroir sur lui-même. [...] Narcisse qui se noie en tombant dans l’eau où il s’admire est aussi l’être humain qui se perd dans l’abîme de l’introspection et l’exploration de la profondeur sans fond de son intériorité.
Histoire de l’humanisme en Occident d’Abdennour Bidar
Le mot « humaniste », selon le Robert historique de la langue française, désigne d’abord un lettré qui a une connaissance approfondie de la langue et de la littérature antiques (grecques et latines). Son étude est appelée studia humanitatis (1) (qui donnera les humanités). On appellera aussi cette étude humaniores litterae (les lettres humaines) par opposition aux diviniores litterae (les lettres divines), les premières désignant la connaissance profane tandis que les secondes désignent la science de la religion chrétienne (2).
« humaniste » provient du nom et adjectif « humain ». En latin, « humanus » désigne de qui est « propre à l’homme » d’où le sens de « cultivé, policé ». Ce qui fait l’homme, c’est la culture. Comme le rappelle, Xavier Brouillette dans l’émission Radio-Canada, « on ne naît pas homme, on le devient » notamment par l’éducation, thème cher aux humanistes comme le montrent différents textes de Montaigne ou de Rabelais.
L’humanisme est une pédagogie de l’humanisation, qui part du principe que l’homme est encore à venir (3) et qu’il faut tout faire pour stimuler la croissance morale, intellectuelle et spirituelle de l’humanité.
Op. cit.
Le mot humanisme désigne le courant littéraire et intellectuel qui porte, au XVe et au XVIe siècle, les érudits d'Europe à se passionner pour les textes et la civilisation de l'Antiquité grecque.
Au sortir du Moyen Âge, une série d’événements vont attiser la curiosité de l’homme des XVe et XVIe siècles.
L’enseignement dans les universités consiste à encombrer les mémoires sans développer l’intelligence et encore moins le sens critique. Le latin d’école est plus proche du jargon que de la langue de Cicéron. On ne lit pas les textes originaux mais des commentaires voire des commentaires des commentaires. De plus, l’étroitesse des idées mène de nombreux intellectuels sur le bûcher (Etienne Dolet est ainsi brûlé avec ses livres pour avoir traduit une phrase de Platon niant l’immortalité de l’âme).
Enfin, même si l’humaniste est profondément croyant, il s’agit pour ce dernier de libérer les esprits vis-à-vis d’une Église chrétienne qui avait centré la civilisation sur le dieu de la Bible. La place de l'homme — créature de Dieu déchue par le péché original — n'était alors envisagée que par rapport à Dieu.
Notes :
1 - Les studia humanitatis englobaient la grammaire, la rhétorique, l’histoire, la poésie et la morale.
2 - L’enseignement au Moyen Âge est d’abord religieux. On étudie essentiellement les Saintes Écritures dans des universités où on enseigne la théologie.
3 - Le mot « inventer » vient du latin « invenire » et signifie « faire venir, aller à ».
4 - Crédo humaniste inspiré du poète latin Térence : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger » (Homo sum ; humani nihil a me alienum puto).