1. On appelle jugement de Dieu un combat entre deux individus dont est l’accusateur. Pour prouver qu’il dit vrai, il doit se battre avec celui qu’il accuse. S’il gagne, on pense que le droit est avec lui, et que Dieu est avec lui. Inversement, celui qui perd le combat est coupable (s’il perd, c’est qu’il a tort).
2. Le perdant est condamné à mort : « Noble ne veut rien entendre, il ordonne que le traître soit pendu sur le champ ».
3. Ce droit consiste, pour l’offensé (celui à qui on a fait offense, injure), à attaquer le premier dans un combat singulier.
4. Renart « paraît aussi ferme qu'un château défendu par de hautes murailles ». Renart est comparé à un château (l’outil de comparaison est « aussi... que... »). On comprend qu’il livrera bataille et défendra chèrement sa peau même s’il n’est pas « sans inquiétude » !
5. Tout d’abord, Renart croit l’emporter : « Vous le voyez, sire Ysengrin, Dieu est pour mon droit, vous aviez jeté juste et pourtant vous avez donné à faux ». Puis, le combat prend une autre tournure : « Renart, entre les genoux d'Ysengrin, implore non pas son ennemi, mais tous les saints de Rome, pour éviter le salaire du faux serment qu'il a prêté ».
6. Les combattants ne font que combattre, ils parlent beaucoup, comme en témoigne les nombreux dialogues. Ces dialogues sont l’occasion de railler et d’insulter l’adversaire : « Méchant nain ! que je sois pendu si je ne venge ici ma femme épousée ! », « Mon Dieu, moins de menaces et plus d'effets ! », « Je tiens à t'arracher le cœur »...
7. Le combat est particulièrement violent : « Le sang jaillit de la tête », « il l'atteint de son bâton assez fortement pour lui casser le bras gauche », « On les voit alors jeter leurs écus de concert, se prendre corps à corps, se déchirer à qui mieux mieux, faire jaillir le sang de leur poitrine, de leur gorge, de leurs flancs »...
8. Dans la précédente phrase que nous avons citée, le sang qui jaillit de partout est quelque peu hyperbolique ; on trouve une autre hyperbole à la fin du texte : « Jadis les Troyens n'eurent pas autant de joie quand ils firent entrer Hélène dans leur ville, que n'en témoignent Brun l'ours, Tiecelin le corbeau, Tybert le chat, Chantecler le coq et Rooniaus le mâtin quand ils virent la défaite de Renart. » ou encore « il s'évanouit, devient froid comme glace, en déclarant vouloir mourir » (le dernier exemple est aussi une comparaison).
9. Le combat, l’hyperbole, les insultes et les railleries sont des éléments que l’on trouve dans le genre de l’épopée.
10. Le texte met en scène des animaux qui se battent comme le feraient des êtres humains. Ainsi le texte ne raconte pas l’affrontement de deux chevaliers, mais d’un renard et d’un loup, que tout une véritable basse cour observe (le coq, le chien, le chat... ). Il est d’ailleurs assez amusant de les voir combattre tout en s’insultant copieusement. C’est ce qu’on appelle le comique de mots.
11. La parodie est l’imitation d’un texte (l’épopée, le roman courtois... ) afin de s’en moquer. On reconnaît dans notre texte une parodie du roman arthurien ou même de l’épopée. Toutes les caractéristiques identifiées dans la question 9 le montrent : c’est un combat d’animaux qui se battent (l’un gagne en mordant), qui s’insultent... Leur combat est censé susciter un étonnement que même le retour d’Hélène dans Troie n’aurait pas produit !
Enfin, on remarque que ce texte évoque la façon dont on rendait la justice à l’époque. En ce sens, on est proche de la satire.