Il y a, dans cet extrait, un point de vue externe. En effet, dans une narration à la troisième personne, lorsque le narrateur décrit un personnage (« L’homme vêtu de sa blouse bleue et coiffé d’un képi noir à galon rouge »), nous avons un point de vue externe. En ce cas, le lecteur ne connaît pas les pensées du personnage. On ignore alors tout de ce personnage dont on ne nous dit rien sinon à quoi il ressemble physiquement.
Il s’agit cette fois d’un point de vue zéro. On parle alors de narrateur omniscient (le narrateur, semblable à dieu dans sa création, sait tout de ses personnages).
Ce point de vue se repère au fait que le narrateur connaît les habitudes du facteur :
« il passait toujours la finance, mais les faits divers le passionnaient »
adverbe imparfait d’habitude
Ainsi, le narrateur ne sait pas uniquement ce que fait son personnage au moment où se déroule l’histoire, mais aussi dans le passé (ses habitudes). Il connaît même les habitudes d’un deuxième personnage, M. Chapati (il reçoit un journal auquel il est abonné). On sait dans le même temps ce que contient le journal lu par le facteur et les sentiments que cette lecture provoque chez ce dernier.
La première phrase peut être considérée comme relevant du point de vue externe (on montre les gestes du personnage) : « Il s'approcha, et enjambant une bordure de thym, colla son oreille contre l'auvent pour mieux écouter»
En revanche, la suite semble plutôt écrite du point de vue du personnage. On a donc un point de vue interne. En effet, le narrateur donne à entendre ce qu’entend le personnage. Mieux encore, le lecteur comprend ce que comprend le personnage, alors que la suite du conte montre combien il était dans l’erreur.
Comme on a également une narration à la troisième personne, on repère le point de vue interne aux termes en rapport avec les sens (ici l’ouïe) : « il entendait ». On connaît les pensées du personnage : « ne doutant plus qu’un crime s’accomplissait ». Évidemment, le facteur se méprend sur la nature des bruits qu’il entend. Ce point de vue prépare donc la chute. Dans cet extrait, la méprise prépare la surprise de la fin du conte.