Lisez les extraits ci-dessous et dites si vous avez affaire à un point de vue interne, externe ou zéro. Vos réponses devront être justifiées avec précision. Pensez à citer le texte et à expliquer vos citations
Louis Lambert naquit, en 1797, à Montoire, petite ville du Vendômois, où son père exploitait une tannerie de médiocre importance et comptait faire de lui son successeur ; mais les dispositions qu’il manifesta prématurément pour l’étude modifièrent l’arrêt paternel. D’ailleurs le tanneur et sa femme chérissaient Louis comme on chérit un fils unique et ne le contrariaient en rien. L’Ancien et le Nouveau Testament étaient tombés entre les mains de Louis à l’âge de cinq ans ; et ce livre, où sont contenus tant de livres, avait décidé de sa destinée. (Louis Lambert d’Honoré de Balzac)
Et dans cette pénombre, je distinguai quelque chose d’imprécis qui bougeait autour de mon lit. Je me rendis bientôt compte qu’il s’agissait d’un animal noir comme du charbon, pareil à un monstrueux chat. Il me parut avoir près d’un mètre cinquante de long, car il avait la dimension de la carpette sur laquelle il passa. Et il poursuivait ses allées et venues, avec l’agitation sinistre d’une bête en cage. J’étais terrifiée, et je ne pouvais appeler au secours. Le rythme de sa démarche se précipitait et en même temps l’obscurité s’épaississait de plus en plus, au point que je ne vis plus que ses yeux. Je le sentis monter d’un bond léger sur mon lit. Les deux énormes yeux se rapprochèrent de mon visage. Et soudain une douleur perçante me traversa, comme si deux grande aiguilles, éloignées de quelques centimètres, avaient troué profondément ma gorge. (Carmilla de S. Le Fanu)
Parmi les douze filles qui étaient enchaînées six à six par le milieu du corps, il y en avait une dont l’air et la figure étaient si peu conformes à sa condition, qu’en tout autre état je l’eusse prise pour une princesse. Sa tristesse et la saleté de son linge et de ses habits l’enlaidissaient si peu, que sa vue m’inspira du respect et de la pitié. Elle tâchait néanmoins de se tourner autant que sa chaîne pouvait le permettre, pour dérober son visage aux yeux des spectateurs. (Manon Lescaut de L’abbé Prévost)
Lorsque je me trouvai seule dans cette grande salle à manger, ma terreur s’augmenta : il me semblait voir s’agiter les rideaux blancs qui pendaient devant les fenêtres, pareils à des linceuls. Cependant ce n’était pas la crainte des morts qui m’agitait : les moines et les abbés dont j’avais foulé en passant les tombes dormaient de leur sommeil béni, les uns dans leur cloître, les autres dans leurs caveaux ; mais tout ce que j’avais lu à la campagne, tout ce qu’on m’avait raconté à Caen me revenait à la mémoire, et je tressaillais au moindre bruit. Le seul qu’on entendît cependant était le frémissement des feuilles, le murmure lointain de la mer, et ce bruit monotone et mélancolique du vent qui se brise aux angles des grands édifices et s’abat dans les cheminées, comme une volée d’oiseaux de nuit. Je restai ainsi immobile pendant dix minutes à peu près, n’osant regarder ni à droite ni à gauche, lorsque j’entendis un léger bruit derrière moi ; je me retournai ; c’était le Malais. (Pauline d’Alexandre Dumas)
Cependant les jours, les semaines s’écoulaient ; Cacambo ne revenait point, et Candide était si abîmé dans sa douleur qu’il ne fit pas même réflexion que Paquette et frère Giroflée n’étaient pas venus seulement le remercier. (Candide de Voltaire)
Un jeune homme... traçons son portrait d’un seul trait de plume : figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans, don Quichotte, décorcelé, sans haubert et sans cuissards, don Quichotte revêtu d’un pourpoint de laine dont la couleur bleue s’était transformée en une nuance insaisissable de lie de vin et d’azur céleste. Visage long et brun ; la pommette des joues saillante, signe d’astuce ; les muscles maxillaires énormément développés, indice infaillible auquel on reconnaît le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portait un béret orné d’une espèce de plume [...] (Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas)
La chambre était plongée dans l’obscurité ; mais à travers une porte vitrée, on voyait de la lumière au fond de la pièce voisine. Émilie jugea que son père devait être là ; l’idée qu’à une telle heure, il pouvait s’être trouvé mal, s’empara d’elle et l’engagea à s’avancer en laissant son flambeau dehors, de peur de l’effrayer par une trop brusque apparition. Quand elle fut près du vitrage, elle aperçut en effet son père, assis devant une table, et parcourant des papiers dont la lecture, en absorbant son attention, lui arrachait des soupirs, et même des sanglots. (Les Mystères du château d’Udolphe d’Ann Radcliffe)
De ce moment, Valancourt fit de fréquentes visites à madame Chéron, et l’orpheline passa près de lui les moments les plus heureux qu’elle eût connus depuis la mort de son père. Ils aimaient, ils étaient aimés, et ne soupçonnaient guère que la tendresse mutuelle qui faisait leur bonheur pût être dans un prochain avenir une source de désespoir. Pendant ce temps, la liaison de madame Clairval et de madame Chéron devenait de jour en jour plus intime, et celle-ci donnait carrière à sa vanité en publiant partout la passion du neveu de son amie pour sa nièce.
Montoni s’était de son côté impatronisé peu à peu dans le château, et Émilie fut forcée de reconnaître l’empire que ce personnage exerçait déjà sur sa tante. (Les Mystères du château d’Udolphe d’Ann Radcliffe)