Lecture analytique du troisième extrait de «La parure» de Guy de Maupassant
Le troisième extrait peut être divisé en deux principales parties qui s’articulent entre elles pour nouer un drame : aux deux premiers paragraphes racontant la joie éphémère d'une soirée de bal répond le malheur durable qui est la conséquence de cette soirée, avec au centre un moment de vive panique.
La soirée se passe tout d'abord dans le bonheur. Mme Loisel est « folle de joie » (l.2). Impossible de ne pas voir qu’elle rappelle le personnage d'un autre conte, un conte de fée cette fois, Cendrillon. C'est une Cendrillon malheureuse qui ne perd pas de pantoufle de verre, mais une rivière de diamants ou plus exactement une fausse rivière probablement faite de verre elle aussi. Si la première repart en carrosse, Mme Loisel repart en fiacre pour retourner rue des Martyrs, un quartier populaire, dont le nom est tout un programme puisqu'il annonce la vie que vont dorénavant connaître les Loisel. Il n’y aura nul prince prêt à sillonner le royaume pour lui rapporter la chaussure perdue. À la place, un honnête mari qu’on imagine benoîtement ahuri, lui qui pose sans cesse la même question (l.26) : « Qu’est-ce que tu as ? », question que l’on retrouvait dans l’extrait précédent (« Qu’as-tu ? qu’as-tu ? », l.14 et « Qu’as-tu ? », l.32).
S'ensuit une véritable scène de panique. Après avoir constaté la perte de la parure, les personnages s'interrogent, s'exclament en des phrases très brèves : « Quoi !… comment !… Ce n’est pas possible ! » (l.30). L’angoisse est tangible et les personnages ne parviennent à s’exprimer parfois que par de simples monosyllabes : « Non. Et toi, tu ne l’as pas regardé ? » (l.38). Les points de suspension traduisent un silence angoissé. La parole ne parvient plus à être formulée qu’en balbutiant : « j’ai… j’ai… je n’ai plus la rivière de Mme Forestier. » (l.28).
À cette panique répondent les lignes suivantes au rythme plus lent, dans lesquelles les phrases sont plus longues : « Il se rendit à la Préfecture de police, aux journaux, pour faire promettre une récompense, aux compagnies de petites voitures, partout enfin où un soupçon d’espoir le poussait » (l.45-46). L’énumération rend compte de la pénible errance de M. Loisel parti à la recherche vaine du collier. Il faudra se résoudre à trouver un subterfuge afin de gagner du temps pour ne pas avouer la vérité : « Il faut […] écrire à ton amie que tu as brisé la fermeture de sa rivière et que tu la fais réparer. Cela nous donnera le temps de nous retourner. » (l.49-50).