Charybde et Scylla sont deux monstres invincibles.
Leur célébrité est telle que le langage a gardé ces deux créatures dans l’expression « Aller de Charybde en Scylla » qui signifie passer d’un danger à un autre ; se retrouver la proie d’un danger pire que le premier.
Circé, après avoir expliqué à Ulysse ce qu’il fallait faire face aux Sirènes, indique deux voies possibles sans pouvoir toutefois dire laquelle choisir. Ulysse devra passer entre « deux hautes roches » (page 88).
D’un côté, Scylla « est un monstre terrible et sa vue ne réjouit personne, pas même un dieu » (page 89). Elle a douze pieds difformes et six longs cous au bout desquels une gueule possédant une triple rangée de dents attrape les malheureux qui passent là.
De l’autre, Charybde engloutit l’eau et la recrache trois fois par jour. Si Ulysse et ses compagnons passaient par là à ce moment, même Poséidon ne pourrait rien pour eux. Il vaut donc mieux perdre les six compagnons que Scylla ne manquera pas d’attraper.
C’est ce monstre qu’Ulysse croit pouvoir affronter. Circé le détrompe aussitôt : « Malheureux, tu songes encore à combattre ? [...] Scylla n’est pas mortelle ; c’est un monstre cruel, terrible, inattaquable ! » (page 90). Son orgueil de « dévastateur de citadelles » (page 55) n’a pas été encore vaincu. Il se comporte encore comme le guerrier qu’il était pendant la guerre de Troie. Il cherche encore à lutter inutilement contre les dieux, comme lorsqu’il pensait pouvoir jouer un bon tour de sa façon au cyclope Polyphème.
Ulysse, au moment de passer près de Scylla, assistera impuissant à la perte de ses compagnons.