RT Actu Blog Manuels Liens

L'épreuve de l'arc

Vous êtes ici : > Séquences > L'Odyssée en peinture > L'épreuve de l'arc

Le soir, au palais, « méditant avec Athéna la mort des prétendants » (mots répétés deux fois, page 108 et 109), Ulysse demande à Télémaque de faire retirer toutes les armes de la grande salle. Puis il invite son fils à aller se coucher tandis que lui restera pour éprouver les servantes et Pénélope.

Cette mise à l’épreuve est la grande obsession d’Ulysse qui cherche à savoir qui lui est resté fidèle. Peut-être songe-t-il aux propos d’Agamemnon aux Enfers :

« [...] aborde en secret la terre de tes aïeux, ne te montre pas ; il ne faut pas se fier aux femmes » (page 82).

"Ulysse tirant à travers les anneaux" de Francesco Primaticcio "Ulysse et l'arc" de Bernard Buffet

Ulysse et Pénélope ont tous deux une longue discussion au cours de laquelle Ulysse déguisé en mendiant apprend à sa propre femme qu’il reviendra bientôt. Pressée par tous de se remarier, Pénélope, qui a versé de nombreuses larmes, lui annonce qu’elle va proposer une épreuve aux prétendants :

« [...] celle des douze haches qu’Ulysse alignait dans sa demeure et, debout, de loin, traversait d’une flèche » (page 122)

Après ce long entretien, Ulysse a la certitude que sa femme lui est fidèle. Pourtant, il résiste au désir de jeter le masque et de se faire reconnaître de celle qui est « pareille à Artémis ou à l’Aphrodite d’or » (page 109). Il approuve l’épreuve de l’arc.

Ulysse attend son heure en subissant de nouvelles humiliations (celles de Mélanthios notamment, page 124).
Le jour de l’épreuve, tous tentent leur chance, mais pas un ne réussit. Aidé du bouvier Philétios, du porcher Eumée et de son fils Télémaque, Ulysse fait fermer toutes les portes. Il se saisit de l’arc, le tend et le fait résonner « comme le cri d’une hirondelle » (page 135). C’est un mauvais présage que Zeus confirme en tonnant fortement. Puis il réussit l’épreuve et fait un signe à son fils :

« Télémaque prit son épée aiguë, attrapa sa lance, et, armé du bronze éclatant, il se plaça près d’Ulysse » (page 135)

C’est à ce moment qu’Ulysse se débarrasse de ses haillons et se fait reconnaître. Le massacre peut commencer. À Eurymaque qui lui propose de l’or et des présents, Ulysse répond :

« Eurymaque, vous pourriez m’apporter tout votre patrimoine, tout ce qu’à ce jour vous possédez, mes mains ne vous en massacreraient pas moins ! » (page 138).

"Ulysse de retour dans son palais, après avoir tué les amants de Pénélope" de Nicolas-André Monsiau  "Ulysse et Télémaque poursuivants les prétendants de Pénélope" de Thomas Degeorge

Il s’agit de tirer « dans la masse des prétendants » (page 142). C’est un véritable massacre organisé par les dieux qui protègent Ulysse :

« De nouveau les prétendants tirèrent avec ardeur, mais une fois encore un dieu dévia leurs lances » (page 142)

"Massacre des prétendants" de Luigi Schiavonetti

Et lorsqu’Athéna apparaît, le massacre tourne à la boucherie (à de nombreuses reprises les hommes puis les servantes sont comparés à des animaux) :

« une plainte horrible s’élevait des crânes fracassés, le sol ruisselait de sang » (page 143)

À la fin, les servantes qui n’ont pas été fidèles à Ulysse sont pendues. Enfin Mélanthios est atrocement mutilé :

« D’un coup d’épée, ils lui tranchèrent le nez, les oreilles et les parties qu’ils jetèrent aux chiens. Avec la même fureur, ils lui coupèrent les pieds et les mains » (page 146)

Enfin, Ulysse purifie la demeure, la salle et la cour.

Dans L’Odyssée, Hermès et Athéna sont intervenus à de multiples reprises. L’épreuve de l’arc est placée sous le signe du dieu Apollon :

« Le lendemain fut le jour de la fête d’Apollon, le dieu archer » (page 124)

Lors de cet épisode, c’est Apollon qui impose à Ulysse sa méthode (1) : le massacre atroce et sanglant fera revenir l’ordre et l’harmonie (2). C’est d’ailleurs ce dieu qu’invoque Ulysse au moment où il se fait reconnaître :

« L’épreuve est finie maintenant ! Je vais viser un autre but ; qu’Apollon m’accorde la gloire de l’atteindre » (page 136)

Les prétendants morts, Ulysse ne se réjouit pas de ses exploits, comme il l'avait fait avec le cyclope Polyphème. Il sait que ce sont les dieux qui ont accompli le destin, en se servant de sa main.

"Les retrouvailles d'Ulysse et de Pénélope" d'Isaac Taylor  "Ulysse et Pénélope" de Francesco Primaticcio

Notes :

1 - Voir le massacre des enfants de Niobé.
2 - Les deux attributs du dieu Apollon sont rappelés lors de cet épisode : « Le subtil Ulysse, quand il eut bien tâté le grand arc, le tendit sans mal ; comme un joueur de cithare tend une corde neuve sur la clé et fixe à chaque bout le boyau tordu, ainsi Ulysse tendit l’arc » (page 135)

Partager

À voir également