I - Relever le champ lexical de la peur dans l’extrait ci-dessous. Enfin, donnez une définition du champ lexical.
Il ferma la porte et y mit le verrou. J’étais tombé, et je vis une figure effrayante placée au-dessus de moi, et qui me dit d’une voix de tonnerre :
Qui es-tu ? que viens-tu faire ici ?
Je ne savais comment répondre. Je jetai un regard fixe et muet sur les squelettes et sur le reste des meubles de ce terrible caveau.
- Arrête, dit l’inconnu, si tu es réellement épuisé, et si tu as besoin de te rafraîchir, bois de cette coupe : la liqueur qu’elle contient te fera autant de bien que si c’était du vin. Elle sera de l’eau pour tes entrailles, et de l’huile pour tes os.
En disant ces mots, il m’offrit à boire ; mais je repoussai son verre avec une horreur inexprimable, ne doutant pas qu’il ne contînt quelque composition magique. Dans la frayeur dont j’étais accablé, j’invoquai le Sauveur et tous ses saints, et, faisant le signe de la croix à chaque phrase que prononçais, je lui dis :
- Non, tentateur, garde tes infernales potions pour la bouche lépreuse de tes lutins ou pour toi-même.
Melmoth de Charles Robert Maturin
II - Dites dans les extraits suivants lequel relève du merveilleux et lequel du surnaturel. Justifiez précisément vos réponses en citant le texte et en vous aidant du cours.
Un Meunier ne laissa pour tous biens à trois enfants qu’il avait, que son Moulin, son Ane, et son Chat. Les partages furent bientôt faits, ni le Notaire, ni le Procureur n’y furent point appelés. Ils auraient eu bientôt mangé tout le pauvre patrimoine. L’aîné eut le Moulin, le second eut l’Ane, et le plus jeune n’eut que le Chat. Ce dernier ne pouvait se consoler d’avoir un si pauvre lot : « Mes frères, disait-il, pourront gagner leur vie honnêtement en se mettant ensemble ; pour moi, lorsque j’aurai mangé mon chat, et que je me serai fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure de faim. » Le Chat qui entendait ce discours, mais qui n’en fit pas semblant, lui dit d’un air posé et sérieux : « Ne vous affligez point, mon maître, vous n’avez qu’à me donner un Sac, et me faire faire une paire de Bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n’êtes pas si mal partagé que vous croyez. »
« Le Maître Chat ou Le Chat botté » de Charles Perrault
L’assesseur de collège Kovaliov se réveilla d’assez bonne heure en murmurant : « Brrr ! » suivant une habitude qu’il aurait été bien en peine d’expliquer. Il s’étira et se fit donner un miroir dans l’intention d’examiner un petit bouton qui, la veille au soir, lui avait poussé sur le nez. A son immense stupéfaction, il s’aperçut que la place que son nez devait occuper ne présentait plus qu’une surface lisse ! Tout alarmé, Kovaliov se fit apporter de l’eau et se frotta les yeux avec un essuie-mains : le nez avait bel et bien disparu ! Il se palpa, se pinça même pour se convaincre qu’il ne dormait point : mais non, il paraissait bien éveillé. Kovaliov sauta à bas du lit, s’ébroua : toujours pas de nez !... Il s’habilla séance tenante et se rendit tout droit chez le maître de police.
[...]
Soudain il s’arrêta, cloué sur place : un événement incompréhensible se passait sous ses yeux : un landau venait de s’arrêter devant la porte d’une maison ; la portière s’ouvrit ; un personnage en uniforme sauta tout courbé de la voiture et grimpa l’escalier quatre à quatre. Quels ne furent pas la surprise et l’effroi de Kovaliov en reconnaissant dans ce personnage... son propre nez !
Le Nez de Nicolas Gogol