Le récit peut se dérouler sans respecter l’ordre chronologique de l’histoire.
Une histoire se déroule selon un ordre chronologique. C’est une succession d’événements qui se sont déroulés selon un certain ordre dans le temps. Le récit, c’est-à-dire l’acte de rapporter cette histoire, peut ne pas suivre cette chronologie. Ainsi, dans L’Iliade, le récit commence par le milieu de l’histoire. On a ce qu’on appelle un début in medias res.
On trouve ce type de début dans l’extrait de la série Lost. Il s’agit de provoquer le suspense ; le spectateur se demande ce qui a pu arriver au protagoniste.
On appellera début in ultima res, un récit commençant par la fin de l’histoire. C’est le cas dans le film Monsieur N. qui commence par l’exhumation de Napoléon. Le spectateur se demande alors comment a pu mourir le protagoniste de l’histoire.
Un début in medias voire ultima res est généralement suivi d’un retour en arrière (on dit également analepse ou encore flash-back) Ce retour a souvent une visée explicative. En effet, le retour en arrière explique comment est mort Napoléon ou pourquoi Achille est en colère.
Le retour en arrière apporte donc des informations petit à petit, permettant au lecteur de comprendre au fur et à mesure (selon le bon vouloir du narrateur) le début in medias res.
Comment reconnaître un retour en arrière dans un texte ?
Prenons un exemple extrait du roman La Nuit du renard de Marie Higgins Clark.
« Il s’était douché, rasé, et avait mis le costume de tergal vert qu’il portait en arrivant à l’hôtel la veille au soir. La pensée que le jour était enfin arrivé avait fait trembler sa main et il s’était légèrement coupé la lèvre en se rasant. Il saignait encore un peu, le goût salé dans sa bouche lui donna un haut-le-coeur.
Il avait horreur du sang. »
Dans l’exemple ci-dessus, on opposera les imparfaits aux plus-que-parfaits. Le plus-que-parfait est utilisé pour exprimer des événements antérieurs à ceux évoqués à l’imparfait. En d’autres termes, tout ce qui est au plus-que-parfait s’est passé avant ce qui est à l’imparfait et signale un retour en arrière.
Inversement, il est possible d’annoncer à l’avance un événement qui fera bientôt l’objet d’un récit détaillé. Mentionner cet événement a pour but de créer un effet de suspense.
Voici un exemple tiré de Le Monde perdu de Conan Doyle :
« Ainsi nous étions tous quatre sur le pays de nos rêves, le monde perdu, le plateau découvert par Maple White. Nous eûmes l’impression de vivre l’heure de notre triomphe personnel. Qui aurait pu deviner que nous étions au bord de notre désastre ? Laissez-moi vous dire en peu de mots comment la catastrophe survint. »
À ce stade du récit, la catastrophe n’a pas encore été racontée, mais le narrateur annonce qu’elle va avoir lieu. C’est ce qu’on appelle une anticipation (on dit aussi prolepse ou flash-foward). On remarquera l’utilisation du conditionnel, c’est-à-dire d’un futur vu du passé (aurait pu) souvent utilisé dans les anticipations.
Le récit peut également passer sous silence un ou plusieurs événements. Il y a donc un trou, un vide dans le récit : quelque chose s’est passé mais n’a pas été raconté. C’est une ellipse.
On en a deux exemples tout simples dans le début de « Blancheneige » des frères Grimm :
« [...] elle se dit : « Oh, puissé-je avoir une enfant, aussi blanche que la neige, aussi rouge que le sang et aussi noire que le bois de ce cadre ! » Peu après, elle eut une petite fille qui était aussi blanche que la neige, aussi rouge que le sang et aussi noire de cheveux que l’ébène, et que pour cette raison on appela Blancheneige. Et quand l’enfant fut née, la reine mourut.
Un an plus tard, le roi prit une autre épouse. »
Dans cet extrait, la mère de Blancheneige rêve d’avoir une enfant. On a alors une première ellipse signalée par le complément circonstanciel de temps « peu après », et une deuxième doublement signalée par le changement de paragraphe et le groupe nominal complément circonstanciel de temps « un an plus tard ». Une ellipse est généralement signalée par un complément circonstanciel indiquant que du temps s’est écoulé.
La deuxième ellipse passe sous silence l’année de deuil. Cela permet d’accélérer le récit en taisant des événements peu importants pour la compréhension de l’histoire tout en allant à l’essentiel (une nouvelle épouse qui posera bien des problèmes à Blancheneige).