Chercher dans les extraits ci-dessous les retours en arrière et les anticipations.
Il s’était douché, rasé, et avait mis le costume de tergal vert qu’il portait en arrivant à l’hôtel la veille au soir. La pensée que le jour était enfin arrivé avait fait trembler sa main et il s’était légèrement coupé la lèvre en se rasant. Il saignait encore un peu, le goût salé dans sa bouche lui donna un haut-le-coeur.
Il avait horreur du sang.
La nuit dernière, au bureau de réception de l’hôtel, il avait senti le regard du réceptionniste glisser sur ses vêtements. Il portait son pardessus sous le bras, pour dissimuler son aspect minable. Mais le costume était neuf. Il avait fait des économies pour ça. Et pourtant l’homme l’avait regardé comme un pauvre type et lui avait demandé s’il avait fait une réservation. (Mary Higgins Clarck, La Nuit du renard)
[...] le sommeil s’empara de mes sens, et m’offrit les rêves les plus agréables, les plus propres à délasser mon âme des idées effrayantes et bizarres dont elle avait été fatiguée. Il fut, d’ailleurs, très long, et ma mère, par la suite, réfléchissant un jour sur mes aventures, prétendit que cet assoupissement n’avait pas été naturel. (Jacques Cazotte, Le Diable amoureux)
Par une nuit de tempête, à l’époque orageuse de la Révolution française, un jeune Allemand s’en revenait à son domicile sur le tard, à travers les vieux quartiers de Paris. Les éclairs luisaient et de sourds grondements de tonnerre retentissaient dans les rues étroites. Mais il convient tout d’abord que je vous parle de ce jeune Allemand.
Gottfried Wolfgang était un jeune homme de bonne famille. Il avait étudié à Goettingue pendant quelque temps […] Tel était Gottfried Wolfgang, et tel son état, au moment où commence ce récit. (« Aventure d’un étudiant allemand », Washington Irving)
Ce soir-là, je raccompagnai Thomas jusque chez lui. Nous parlâmes encore longuement des Pirates et de leur audace grandissante, mais nous étions loin de penser que les événements allaient nous obliger à entrer en lutte avec cette redoutable bande. Thomas ne s’était pas trompé en prévoyant qu’Oscar et les siens ne tarderaient pas à nous entraîner tous dans la catastrophe. (Henry Winterfeld, Les enfants de Timpelbach)
Nous avons plusieurs retours en arrière dont l'un est fort long puisqu'il occupe tout un paragraphe. Le retour en arrière est signalé par un groupe nominal (GN) complément circonstanciel de temps « La nuit dernière ». Les temps sont alors au plus-que-parfait (« avait senti », « avait regardé »). Le plus-que-parfait s'emploie pour exprimer des actions antérieures à d'autres (actions à l'imparfait comme « il portait »).
Ainsi, dans la phrase Elle portait le collier qu'elle avait fait, le plus-que-parfait dit que la confection du collier (« avait fait ») a eu lieu avant qu'il ne soit porté (« portait »).
Nous avons une anticipation que l’on peut identifier grâce au groupe prépositionnel complément circonstanciel de temps « par la suite » ou encore au groupe nominal complément circonstanciel de temps également « un jour ».
Dans ce début in medias res (premier paragraphe), nous avons un retour en arrière que l’on trouve dans le deuxième paragraphe « Il avait étudié à Goettingue pendant quelque temps ». Le plus-que-parfait « avait étudié » est utilisé pour exprimer une action antérieure à une autre (« un jeune allemand s'en revenait à son domicile »).
Il y a une anticipation facilement repérable grâce au vocabulaire notamment le verbe au gérondif « en prévoyant ». On remarquera aussi l’utilisation du conditionnel « tarderaient » qui est utilisé pour exprimer un futur vu du passé (voir ce cours sur le conditionnel).