Ce cours ne traite ni de la proposition subordonnée infinitive ou participiale ni de la proposition subordonnée interrogative.
Lorsqu’on constate un rapport de dépendance entre une proposition dite principale et une autre dite subordonnée (on dit aussi enchâssée), on parle de subordination :
Alfred de Nerval, que j’espérais avoir pour compagnon de voyage, avait hâté le départ des bateliers.
La proposition que j’espérais avoir pour compagnon de voyage est subordonnée (ou enchâssée) à la proposition principale Alfred de Nerval avait hâté le départ des bateliers. La proposition subordonnée n’a pas d’autonomie : elle ne peut pas exister toute seule, contrairement à la principale. On parle donc de subordination lorsqu’une proposition dépend d’une autre, et qu’elle ne peut exister seule.
Les propositions subordonnées sont généralement introduites par un terme marquant leur dépendance par rapport à la principale : ce sont les conjonctions de subordinations et les pronoms relatifs.
On distingue :
a) Les propositions subordonnées introduites par un pronom relatif. Ce dernier a plusieurs rôles : il introduit et signale la proposition, indique une fonction (qui est sujet, que est objet, dont est notamment COI…). Ce sont les propositions subordonnées relatives.
b) Les propositions subordonnées introduites par une conjonction de subordination. Celle-ci n’a jamais de fonction. C’est un pur outil grammatical qui introduit la subordonnée dite complétive parce qu’elle joue en général le rôle de complément, identique à un GN ( Alfred attend que le bateau revienne ➛ Alfred attend le retour du bateau ). Ce sont les propositions subordonnées complétives.
c) Les propositions subordonnées introduites par une conjonction de subordination qui marquent à la fois le rapport de dépendance et spécifient la signification du rapport avec le reste de la phrase (la cause, la condition, le temps... ). Ce sont les propositions subordonnées circonstancielles.
Elles sont appelées relatives, car elles commencent par un pronom relatif. Il y a des pronoms relatifs simples (qui, que, quoi, dont, où) et des pronoms relatifs composés (lequel qui s’amalgame avec les prépositions à, de pour former auquel, à laquelle, duquel, etc.).
- Il introduit la relative. C’est la raison pour laquelle il vient se placer en tête de la relative quelle que soit sa fonction grammaticale.
- Il a un antécédent et le remplace. Il équivaut donc à un nom ou à un GN voire à un autre pronom. Notez que les pronoms qui et que commandent les mêmes accords que l’antécédent (Pauline qui est venue...)
- Il possède une fonction dans la relative (sujet, COD, COI, etc.)
a) Qui est sujet
Le seul souvenir qui resta fut celui de cette chasse. (sujet du verbe resta)
b) Que est COD
Il poussa l’or et les billets de banque qu’il avait devant lui. (COD du verbe avait)
c) Quoi est généralement COI
Il est, le plus souvent, précédé d’une préposition (à, sur, de...)
Ce sont des choses à quoi vous ne prenez pas garde. (COI de prenez garde)
d) Où est complément circonstanciel de temps ou de lieu
- Complément circonstanciel de temps : L’espoir d’un bal, dans une saison où il y en a si peu, firent diversion à mes terreurs insensées.
- Complément circonstanciel de lieu : Il retomba d’un seul bond au milieu de notre société usée, où tout est mesquin, crimes et vertus.
e) Dont peut remplir plusieurs fonctions :
- Complément du nom : Vous ne saurez jamais quelles angoisses une jeune fille, dont le cœur est pur, éprouve. (complément du nom = le cœur d’une jeune fille)
- Complément d’un adjectif : Il m’a montré le cheval dont il était fier. (complément de l’adjectif = fier du cheval)
- Complément d’objet indirect : Horace en vint au sujet dont il voulait me parler. (parler du sujet)
- Complément d’agent : Pauline regardait les livres dont la bibliothèque était remplie. (était remplie de livres)
La proposition subordonnée relative a une fonction. Elle est complément de l’antécédent.
La proposition dont la bibliothèque était remplie est complément de l'antécédent les livres dans la phrase Pauline regardait les livres dont la bibliothèque était remplie.
Il reste à dire si la relative est déterminative (elle est nécessaire à la compréhension de la phrase et ne peut être supprimée) ou explicative (elle n’est pas indispensable au sens de la phrase, elle peut donc être supprimée) :
Les chevaux, qui savaient leur route, étaient arrivés à Ranville.
La proposition peut être supprimée. La phrase conserve une signification : Les chevaux étaient arrivés à Ranville. La proposition est donc explicative.
La seule chose qui m’inquiétât était un certain tiraillement d’estomac (Le narrateur n’avait rien pris depuis dix heures du matin).
La proposition ne peut pas être supprimée, car la phrase ne veut plus rien dire : La seule chose était un certain tiraillement d’estomac.
Ce sont des propositions qui se substituent, dans la plupart des cas, à un groupe nominal.
Les propositions subordonnées complétives sont généralement introduites par la conjonction de subordination que :
Je sentis que le comte s’était rapproché de mon côté.
La conjonction que est un pur instrument de subordination. Il n’a aucune fonction dans la subordonnée.
Beaucoup de verbes ont la propriété de se construire avec une complétive : dire, raconter, déclarer, craindre, vouloir, etc. Certaines complétives dépendent de verbes impersonnels : il arrive, il semble, il faut : Il faut que notre rencontre reste un secret pour tout le monde.
D’autres ont un fonctionnement plus complexe
- Les complétives dépendant d’une construction verbale attributive : Il est vrai que, Il est dommage que, Il est probable que : Il est vrai que c’était la nuit.
- Les complétives dépendant d’un présentatif : C’est que Max est un véritable bandit.
- Les complétives placées en tête de phrase : Qu’il vienne m’étonnerait beaucoup (cela m’étonnerait qu’il vienne).
La notion de circonstance est pour le moins vague. Les circonstances sont à peu près les mêmes que celles des compléments circonstanciels de la phrase (le temps, la cause, le but, etc.). On distingue donc :
- Le temps : Lorsque je rentrai chez moi, je n’eus plus le courage de déchirer ce papier.
- La cause : Vous avez eu beaucoup de chance puisqu’il vous a trouvé.
- La condition : Il nous ferait plaisir s’il venait.
- La concession : Il peut pleuvoir bien qu’il fasse beau / Quoiqu’il en dise, il n’a pas tort.
- Le but : Il t’aide pour que tu réussisses.
Les propositions subordonnées circonstancielles sont donc introduites par une conjonction de subordination (quand, comme, puisque, parce que, pour que, dès que, alors que...). À la différence des propositions subordonnées complétives, la conjonction de subordination a une signification. Elles précise le lien qui unit la proposition au reste de la phrase (on l’a vu : le temps, la cause, etc. ).
Comme les compléments circonstanciels, certaines subordonnées circonstancielles peuvent être déplacées : Lorsque je rentrai chez moi, je n’eus plus le courage de déchirer ce papier./Je n’eus plus le courage de déchirer ce papier, lorsque je rentrai chez moi. ; Il nous ferait plaisir s’il venait/S’il venait, il nous ferait plaisir. Cela est surtout vrai pour les temporelles, les causales, les finales et les concessives.