À quelques exceptions, les poèmes sont courts. Baudelaire reprend le mot d'Edgar Poe : « Je tiens qu'un long poème, cela n'existe pas ». La poésie doit donc aller à l'essentiel.
Les sonnets sont de forme irrégulière. Il rédige même un sonnet inversé (« Bien loin d'ici ») ou mélange les strophes (« L'Avertisseur »).
Baudelaire modifie l'ordre des rimes. Elles sont croisées (abab) et non plus embrassées (abba) comme dans « Recueillement » ou « La Mort des Amants ».
En principe, les deux quatrains sont construits sur deux rimes uniquement. Mais Baudelaire les construit sur des rimes différentes.
En somme, dans une forme contrainte, Baudelaire use de toutes les libertés.
Le sonnet et le pantoum
Baudelaire privilégie, entre autres, le sonnet.
Mais il utilise une autre forme fixe : le pantoum, une forme poétique malaise.
Le seul Pantoum des Fleurs du mal est « Harmonie du soir ».
Les règles du Pantoum : les rimes sont en principe croisées (abab) et les deuxième et quatrième vers de chaque strophe deviennent les premier et troisième de la strophe suivante. Le poème est alors construit sur deux rimes.
Le mètre
Baudelaire a souvent recours à l'alexandrin.
Mais il utilise aussi le décasyllabe (« La Mort des Amants »)
L'octosyllabe dans de nombreux poèmes comme dans « Abel et Caïn » ou « L'Héautontimorouménos ».
Il a recours encore aux vers impairs (heptasyllabe dans « À une mendiante rousse » ; pentasyllabe et heptasyllabe dans « L'Invitation au voyage »).
De la poésie à la prose
Baudelaire utilise un vocabulaire auparavant banni de la poésie (« à travers des ténèbres qui puent » dans le poème « Au lecteur »).
Il rompt la monotonie du vers et multiplie les enjambements (« Les Sept Vieillards ») ou les rejets, rapprochant la poésie du langage en prose.
Il écrit d'ailleurs des poèmes en prose.
Il brise la cadence classique de l'alexandrin (5/7, 8/4, 9/3...).
En somme, Baudelaire est un digne héritier de Victor Hugo.
Le beau et le laid
Baudelaire fait entrer la ville dans la poésie. La section Tableaux parisiens en témoigne.
Il se passionne pour la laideur (« Une Charogne ») et mélange le beau et le laid (« Le Cygne »).
Le poète exprime les relations cachées entre d'une part le visible et l'invisible et d'autre part les différentes sensations. Il appelle cela les correspondances : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent » (« Correspondances »).
L'Idéal formulé par le poète et auquel il aspire engendre le Spleen.