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Évaluation sur les focalisations

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Lisez chacun des extraits ci-dessous et dites quel type de focalisation est utilisé. Justifiez précisément vos réponses en donnant, à chaque fois, deux explications étayées d’exemples.

Extrait 1

Lord Henry l’observait… Certes, il était merveilleusement beau avec ses lèvres écarlates finement dessinées, ses clairs yeux bleus, sa chevelure aux boucles dorées. Tout dans sa face attirait la confiance ; on y trouvait la candeur de la jeunesse jointe à la pureté ardente de l’adolescence. On sentait que le monde ne l’avait pas encore souillé. Comment s’étonner que Basil Hallward l’estimât pareillement ?

(Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde)

Extrait 2

Dès qu'elle était seule, le matin au lit, la journée en brodant, elle retombait dans cette imagination, la corrigeait, l'élargissait, y ajoutait sans cesse des détails heureux, finissait par se croire comblée de joie et de biens. Elle, qui autrefois sortait si rarement, avait à cette heure la passion d'aller voir les paquebots partir : elle descendait sur la jetée, s'accoudait, suivait la fumée du navire jusqu'à ce qu'elle se fût confondue avec les brumes du large ; et elle se dédoublait, se croyait sur le pont avec Jacques, déjà loin de France, en route pour le paradis rêvé.

(La Bête humaine d’Émile Zola)

Extrait 3

Cette décision prise, comme trois heures du matin venaient de sonner, Jacques tâcha de dormir. Il perdait déjà connaissance, lorsqu'une secousse profonde le souleva, le fit asseoir dans son lit, étouffant. Tuer cet homme, mon Dieu ! en avait-il le droit ? Quand une mouche l'importunait, il la broyait d'une tape. Un jour qu'un chat s'était embarrassé dans ses jambes, il lui avait cassé les reins d'un coup de pied, sans le vouloir il est vrai. Mais cet homme, son semblable ! Il dut reprendre tout son raisonnement, pour se prouver son droit au meurtre, le droit des forts que gênent les faibles, et qui les mangent.

(La Bête humaine d’Émile Zola)

Extrait 4

Dès leur arrivée dans la maison, Frédéric se sentit chaleureusement entouré par les parents de Delphine. C’était la première fois qu’elle leur présentait un homme, c’était évident. Ils voulaient tout savoir. Pour cette prétendue « non-obligation » de parler, il repasserait. Alors qu’il était peu à l’aise avec l’idée d’évoquer son passé, il se vit immédiatement interrogé sur sa vie, ses parents, son enfance. Il tenta de donner des gages de sociabilité, saupoudrant ses réponses d’anecdotes savoureuses. Delphine avait le sentiment, à raison, qu’il les inventait pour rendre son récit plus palpitant que la morne réalité.

(Le Mystère Henri Pick de David Foenkinos)

Extrait 5

J'observais ma fille, à travers l'écran vitré. Elle dormait, appuyée sur sa joue gauche, la bouche entrouverte. Elle avait à peine deux jours et on ne discernait pas les mouvements de sa respiration.
[…] Ma fille occupait seule cette pièce blanc et bleu ciel qui portait le nom de « Nursery Caroline Herrick ». L'infirmière avait poussé le berceau juste devant l'écran de verre pour que je puisse la voir.
Elle ne bougeait pas. Sur son minuscule visage flottait une expression de béatitude. La branche continuait d'osciller en silence. J'écrasais mon nez contre la vitre et cela faisait une tache de buée.

(Livret de famille de Patrick Modiano)

Extrait 6

En quittant l’hôpital, le commissaire Bayard se dit qu’il y a un problème ; que ce qui devait n’être qu’une enquête de routine ne sera peut-être pas totalement superflu, après tout ; que la disparition des papiers est une zone d’ombre curieuse dans ce qui ressemble pourtant à un banal accident ; qu’il va falloir tirer ça au clair en interrogeant plus de monde qu’il ne se l’était imaginé [….]
Le commissaire Bayard, absorbé par ses réflexions, ne prête pas attention à la DS noire garée de l’autre côté du boulevard. Il monte dans sa 504 de fonction et prend le chemin du Collège de France.

(La Septième fonction du langage de Laurent Binet)

Extrait 7

C'était un grand beau garçon, svelte, bien tourné et à mon estime d’environ vingt-six ans. Il avait un bon maintien, l’aspect ni arrogant ni farouche et quelque chose de très mâle dans la face ; cependant il avait aussi toute l'expression douce et molle d’un Européen, surtout quand il souriait. Sa chevelure était longue et noire, et non pas crépue comme de la laine. Son front était haut et large, ses yeux vifs et pleins de feu. Son teint n’était pas noir, mais très basané, sans rien avoir cependant de ce ton jaunâtre, cuivré et nauséabond des Brésiliens, des Virginiens et autres naturels de l’Amérique ; il approchait plutôt d’une légère couleur d’olive foncée, plus agréable en soi que facile à décrire.

(Robinson Crusoé de Daniel Defoe)

Extrait 8

Pierre ferma les yeux, et se souvint en images gracieuses du temps qu'il venait d'explorer. Il pensa qu'il serait drôle d'y emmener Annette en voyage de noces. Et si elle s'y plaisait, qui les empêcherait de s'y fixer, pour l'éternité ? S'il apparaissait difficile au jeune professeur de travailler au bonheur des autres, du moins pensait-il posséder assez de matériaux pour construire le sien.
Machinalement, il fouillait dans la boîte d'un bouquiniste. Un titre l'amusa : Le Mystère du Diable Vert.

(Le Voyageur imprudent de René Barjavel)

Extrait 9

Lorsque je me trouvai seule dans cette grande salle à manger, ma terreur s’augmenta : il me semblait voir s’agiter les rideaux blancs qui pendaient devant les fenêtres, pareils à des linceuls. Cependant ce n’était pas la crainte des morts qui m’agitait : les moines et les abbés dont j’avais foulé en passant les tombes dormaient de leur sommeil béni, les uns dans leur cloître, les autres dans leurs caveaux ; mais tout ce que j’avais lu à la campagne, tout ce qu’on m’avait raconté à Caen me revenait à la mémoire, et je tressaillais au moindre bruit. Le seul qu’on entendît cependant était le frémissement des feuilles, le murmure lointain de la mer, et ce bruit monotone et mélancolique du vent qui se brise aux angles des grands édifices et s’abat dans les cheminées, comme une volée d’oiseaux de nuit. Je restai ainsi immobile pendant dix minutes à peu près, n’osant regarder ni à droite ni à gauche, lorsque j’entendis un léger bruit derrière moi ; je me retournai ; c’était le Malais.

(Pauline d’Alexandre Dumas)

Extrait 10

Comme il faisait une chaleur de trente-trois degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert.
[...]
Deux hommes parurent.
L'un venait de la Bastille, l'autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue.
Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s'assirent à la même minute, sur le même banc.

(Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert)

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