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À la douceur du temps nouveau

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AubépineÀ la douceur du temps nouveau,
Feuillissent les bois, et les oiseaux
Chantent, chacun en leur latin,
Selon les vers du nouveau chant.
Il est donc temps de prendre
Ce dont l’homme a le plus envie.

De là où tout m’est bon et beau,
Je ne vois ni messager ni lettre.
C’est pourquoi mon cœur ne dort ni ne rit plus.
Je n’ose m’avancer,
Ne sachant si la fin
Sera celle que je désire.

Notre amour va ainsi
Que la branche de l’aubépine
Qui est sur l’arbre en craignant,
Durant la nuit, la pluie et le gel ;
Mais qui, le lendemain, s’épanouit sous le soleil
En feuilles vertes et rameaux.

Maintenant, je me souviens d’un matin
Où nous mîmes fin à la guerre,
Et elle me fit un don si grand :
Son amour et son anneau.
Que Dieu me laisse vivre encore,
Tant que j’aurai mes mains sous son manteau.

Guillaume IX d’Aquitaine

Questions

1. Quelle saison est évoquée dans ce poème ? Justifiez votre réponse.

2. Qu’est-ce qui montre que ce n’est que le début de cette saison ?

3. À quoi est comparée la branche de l’aubépine ? Pourquoi ?

4. Quels sont précisément les sentiments du poète ?

5. Lisez le poème en occitan et dites à quoi l’on voit que c’est un poème.

Le poème en occitan

Ab la dolchor del temps novel
Foillo li bosc e li aucel
Chanton chascus en lot lati
Segon lo vers del novel chan
Adonc esta ben c’om s’aisi
D’acho dont hom a plus talan

De lai don plus m’es bon e bel
No vei mesager ni sagel
Per que mos cors non dorm ni ri
Ni no m’aus traire adenan
Tro qu’eu sacha ben de la fi
S’el’es aissi com eu deman

La nostr’amor vai enaissi
Com la brancha de l’albespi
Qu’esta sobre l’arbre’en creman
La nuoit ab la ploi’ez al gel
Tro l’endeman que-l sols s’espan
Per la fueilla vert el ramel

Enquer me membra d’un mati
Que nos fesem de guerra fi
E que-m donet un don tan gran
Sa drudari’e son anel
Enquer me fais Dieus viure tan
Qu’aia mas mans soz son mantel

Le printemps

C’est la première des quatre saisons.

En latin, « printemps » signifie le « premier temps » (primus tempus). C’est une période d’environ trois mois s’étendant de l’équinoxe jusqu’au solstice.

1. Cherchez dans le dictionnaire le sens des mots « équinoxe » et « solstice ».

2. Que signifie l’expression « le printemps de la vie » ?

3. Trouvez le sens du proverbe « Une hirondelle ne fait pas le printemps ».

Lecture analytique

Composé de quatre strophes appelées des coblas, ce poème est une canso (une chanson). Chaque cobla contient six vers de huit syllabes (des octobsyllabes). La disposition des rimes se répète tout au long du poème :

Ab la dolchor del temps novel A
Foillo li bosc e li aucel A
Chanton chascus en lot lati B
Segon lo vers del novel chan C
Adonc esta ben c’om s’aisi B
D’acho dont hom a plus talan C

Guillaume IXLe poète évoque des sentiments amoureux que l’arrivée du printemps favorise : les bois feuillissent, les oiseaux chantent, l’aubépine fleurit. C’est le nouveau temps (voir le titre « À la douceur du temps nouveau »), le premier temps. Étymologiquement, le printemps est le premier temps, le primus tempus.

Coïncidant avec la fin de la guerre, le printemps est le temps des amours, la saison qui voit la nature renaître, et avec elle le désir : « Il est donc temps de se procurer / Ce que l’homme désire le plus », « Et je n’ose faire un pas en / Avant avant de savoir si la fin / Sera celle que je désire ».
Le désir est mêlé d’incertitude. L’image de l’aubépine semblable à l’amour, souffrant le gel la nuit, et retrouvant la chaleur du soleil le jour, révèle que l’amour est un sentiment fait d’inquiétude et de joie, de souffrance et de jouissance : soit « tout m’est bon et beau », soit « mon cœur ne dort et ne rit »...

Le sujet de ce poème - de cette canso - est donc bien l’amour et plus encore le désir.

Mais le poème n’appelle pas la réalisation de ce désir. C’est ce que montrent les deux derniers vers, exprimant le souhait (au subjonctif présent) : « Que Dieu me laisse vivre encore tant / Que j’ai mes mains sous son manteau ».

Ce que chante ce poème est l’espoir de l’amour, le désir demeuré désir.

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