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La ballade

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La ballade désigne un poème du Moyen Âge dans lequel le poète évoque - le plus souvent - ses sentiments amoureux. Comme le rondeau, la ballade est une forme poétique associée à la danse. ballade vient du verbe baller qui voulait dire «danser» ; il a la même origine que notre mot «bal».

Le mot ballade s’écrit avec deux «l» contrairement à «balade» (l’action de se balader, de se promener).

On distingue la petite et la grande ballade.

La petite ballade

La petite ballade est composée de trois strophes de huit vers (des huitains) de huit syllabes (des octosyllabes). Chaque strophe s’achève sur un refrain. Ces strophes comportent trois rimes (A,B, C).
Le poème se termine par une strophe de quatre vers (c’est donc la moitié d’un huitain) que l’on appelle l’envoi (possédant deux rimes), qui nomme le destinataire du poème (généralement un prince, une princesse). «De s’amie bien belle» est une ballade de Clément Marot :

Amour, me voyant sans tristesseA
Et de la servir dégoû,B
M'a dit que fisse une maîtresse,A
Et qu'il serait de mon cô.B
Après l'avoir bien écou,B
J'en ai fait une à ma plaisanceC
Et ne me suis point mécomp (1) :B
C'est bien la plus belle de France.C(C'est le refrain)

Elle a un œil riant, qui blesse
Mon cœur tout plein de loyauté,
Et parmi sa haute noblesse
Mêle une douce privauté (2).
Grand mal serait si cruauté
Faisait en elle demeurante (3) ;
Car, quant à parler de beauté,
C'est bien la plus belle de France.

De fuir son amour qui m'oppresse
Je n'ai pouvoir ni volonté,
Arrêté suis en cette presse (4)
Comme l'arbre en terre planté.
S'ébahit-on (5) si j'ai plenté (6)
De peine, tourment et souffrance ?
Pour moins on est bien tourmenté :
C'est bien la plus belle de France.

Envoi :

Prince d'amours, par ta bonté B
Si d'elle j'avais jouissance, C
Onc (7) homme ne fut mieux monté : B
C'est bien la plus belle de France. C

La grande ballade

La grande ballade est composée de trois strophes de dix vers (donc trois dizains) de dix syllabes (des décasyllabes). L’envoi compte cinq vers (un quintal). La célèbre «Ballade des pendus» de François Villon en est un exemple (la traduction en français moderne fait que l’on perd le nombre de syllabes des vers) :

Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez pas vos cœurs durcis à notre égard,
Car si vous avez pitié de nous, pauvres,
Dieu aura plus tôt miséricorde de vous.
Vous nous voyez attachés ici, cinq, six :
Quant à notre chair, que nous avons trop nourrie,
Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poussière.
De notre malheur, que personne ne se moque,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre (8) !

Si nous vous appelons frères, vous n'en devez
Avoir dédain, bien que nous ayons été tués
Par justice. Toutefois vous savez
Que tous les hommes n'ont pas l'esprit bien rassis (9).
Excusez-nous, puisque nous sommes trépassés (10),
Auprès du fils de la Vierge Marie,
De façon que sa grâce ne soit pas tarie pour nous,
Et qu'il nous préserve de la foudre infernale.
Nous sommes morts, que personne ne nous tourmente,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a lessivés et lavés
Et le soleil nous a séchés et noircis ;
Pies, corbeaux nous ont crevé les yeux,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais un seul instant nous ne sommes assis;
  De ci de là, selon que le vent tourne,
Il ne cesse de nous ballotter à son gré,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus qui a puissance sur tous,
Fais que l'enfer n'ait sur nous aucun pouvoir :
N'ayons rien à faire ou à solder avec lui.
Hommes, ici pas de plaisanterie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre.

(Source : Wikipédia)

Après une très longue période de succès, la ballade tombe en désuétude dès le milieu du XVIe siècle. Molière dit même (par le personnage de Trissotin) :

La ballade à mon goût est une chose fade
Ce n’en est plus la mode, elle sent son vieux temps.

Pourtant on la retrouve au XIXe siècle sous la plume de Victor Hugo (Odes et Ballades), de Musset («Ballade à la lune») ou encore de Théodore de Banville (Trente-six ballades joyeuses) comme on peut le voir dans «Ballade sur la gentille façon de Rose» :

Rose est toute caprice, et moi
J'adore son œil qui pétille,
Et je sens des bonheurs de roi
Rien qu'à lui baiser la cheville.
Elle s'habille, elle babille (11),
M'appelle avec son regard bleu,
Et puis s'enfuit comme une anguille:
Jamais ne vîtes si beau jeu.

Je marche, comme à Fontenoy,
Contre la folle qui frétille,
Et la voici presque en émoi.
Puis elle s'envole et grappille
Une praline à la vanille:
On dirait que je parle hébreu !
La bonne heure qu'elle gaspille !
Jamais ne vîtes si beau jeu.

Je veux la quereller, ma foi !
Mais sa colère est si gentille !
Allons, c'est moi qui fais la loi,
Je la caresse et je la pille.
Mais elle remet sa mantille (12),
M'effleure de sa lèvre en feu,
Et pleure pour ma peccadille (13) :
Jamais ne vîtes si beau jeu.

Je baise une larme qui brille,
Un bout de dentelle, un cheveu ;
Elle rit, la méchante fille !
Jamais ne vîtes si beau jeu.


Notes :

1 - Mécompté : trompé.
2 - Privauté : familiarité, liberté (que l’on prend avec quelqu’un).
3 - Si cruauté faisait en elle demeurance : si la cruauté restait (ou s’attardait) en elle.
4 - Presse : tourment, accablement.
5 - S’ébahit-on : s’étonne-t-on.
6 - Plenté : quantité.
7 - Onc : jamais.
8 - Absoudre : pardonner
9 - Rassis : sage.
10 - Trépassés : morts.
11 - Babille : bavarde comme une enfant, gazouille.
12 - Mantille : écharpe de dentelle souvent noire.
13 - Peccadille : faute sans importance.

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