Il advint que, près de Compiègne, trois aveugles suivaient leur chemin. Ils n’avaient avec eux personne pour les mener ou les conduire ni pour leur indiquer la route. Chacun d’eux avait sa sébile. Ils étaient pauvrement vêtus. Ainsi ils marchaient vers Senlis. Un clerc, qui venait de Paris, était suivi d’un écuyer à cheval, portant ses bagages. Lui montait un beau palefroi et s’en allait à vive allure. Il a rejoint les aveugles, s’aperçoit que nul ne les guide : comment trouvent-ils leur chemin ?
D’après Les trois aveugles de Compiègne
Sébile : petite coupe destinée à recevoir de l’argent.
Puisqu'il est dans mon habitude de vous raconter des histoires, au lieu d'une fable, je veux dire une aventure qui est vraie.
Un jour, au pied de sa haie, un vilain attrapa deux perdrix. Il les prépare avec grand soin. Sa femme les met devant l'âtre (elle savait s'y employer), veille au feu et tourne la broche ; et le vilain sort en courant pour aller inviter le prêtre.
Il tarda tant à revenir que les perdrix se trouvaient cuites. La dame dépose la broche ; elle détache un peu de peau, car la gourmandise est son faible. Attaquant l’une des perdrix, elle en savoure les deux ailes, puis va au milieu de la rue pour voir si son mari revient. Ne le voyant pas arriver, elle expédie ce qui restait de la perdrix, pensant que c’eût été un crime d’en laisser le moindre morceau.
D’après Les perdrix