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Ma bohème

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Lecture analytique de « Ma bohème » d’Arthur Rimbaud

Un vagabond heureux

Rimbaud par VerlaineDeux champs lexicaux peuvent être facilement repérés dans ce poème : le champ lexical de l’errance d’une part, et le champ lexical de la pauvreté d’autre part.

Les termes « je m’en allais », « J’allais », « j’égrenais dans ma course », « assis au bord des routes » appartiennent au champ lexical de l’errance sur les routes. On peut d’ailleurs ajouter la périphrase poétique « Mon auberge était à la Grande-Ourse », ce qui est une façon de dire que le poète dort à la belle étoile. Enfin, le titre « Ma bohème » évoque à lui seul une vie de vagabondage.

Les vers « Mon paletot aussi devenait idéal » (le paletot est à ce point usé qu’il n’en est plus que l’idée), « Mon unique culotte avait un large trou » relèvent davantage du thème de la pauvreté. On peut aussi citer les « souliers blessés » (ce sont en fait les pieds qui sont blessés. C’est une métonymie).

Les sentiments associés à ce vagabondage sont des sentiments de joie, de bonheur, ce que confirment les interjections et les phrases exclamatives : « Oh ! Là ! Là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! ». Le vocabulaire mélioratif (« doux », « bon ») souligne cette joie.

Le lyrisme

Quand le poète dit «je», qu’il exprime ses sentiments, notamment dans des phrases exclamatives, on parle de lyrisme. Or c’est bien de poésie qu’il s’agit ici, comme le montrent les mots « Muse », le rejet « Des rimes », le participe présent «rimant» ou encore « des lyres » (la lyre est l’instrument de musique du poète, que ce soit l’aède, Orphée ou Apollon).

Cette course poétique est pleine de joie (« Oh! Là ! Là ! ») et de vitalité (voir les verbes de mouvement à l’imparfait exprimant la répétition « Je m’en allais », etc.). On peut enfin y voir une rage (ce sont les poings et non les mains que Rimbaud met dans les poches) et une ivresse (voir la comparaison au vers 11, « comme un vin de vigueur »).

Cette course s’achève sur une curieuse image  : celle du fœtus dont le pied touche le cœur (voir le dernier vers). Cette image est elle-même préparée par l’annonce de l’obscurité (« Ces bons soirs », « au milieu des ombres fantastiques »). Enfin, c’est en refaisant ses lacets que se forme une autre image, celle de la lyre.

Conclusion

Ce sonnet s’achève donc sur cette image à la fois poétique et maternelle. À seize ans, le jeune Arthur Rimbaud fuguait à de nombreuses reprises. Il fuyait sa mère. La rage du début (« Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ») laisse la place à un grand bonheur plein de rêves (« Petit-Poucet rêveur ») poétiques (« rimant au milieu des ombres fantastiques ») et féminins (« que d'amours splendides j'ai rêvées »).

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