Selon les Grecs, l’art imite le réel. Il existe deux façons d’imiter le réel :
La première façon d’imiter la réalité peut être l’épopée, la fable ou encore le roman. La deuxième façon est le théâtre.
La tragédie est donc une forme théâtrale qui, selon Aristote, est «l’imitation faite par des personnages en action et non par le moyen d’une narration».
Il existe deux grands genres théâtraux : la comédie et la tragédie.
Si l’objectif de la comédie est de faire rire, la tragédie doit inspirer la pitié et la terreur.
Le spectacle tragique agit comme une mise en garde : il montre ce qui arrive à des personnages (ni bons ni méchants) qui tombent dans le malheur.
Cependant, il arrive qu’une tragédie se termine bien. On l’appelle alors une tragi-comédie.
Le personnage tragique est toujours de haute condition. La tragédie grecque emprunte ses personnages dans le cercle très restreint de quelques grandes familles (les Labdacides, les Atrides). Les personnages sont donc des rois, des princes, des chefs de guerre ou de grands seigneurs, etc.
Si le héros n’est ni bon ni mauvais, « il faut que ce soit un homme qui par sa faute devienne malheureux », nous dit Jean Racine (le grand rival de Pierre Corneille). L’exemple même du héros tragique est Œdipe, cet homme devenu roi qui tombe d’un très grand bonheur dans un grand malheur :
« Regardez, habitants de Thèbes, ma patrie. Le voilà, cet Œdipe, cet expert en énigmes fameuses, qui était le premier des humains. Personne dans sa ville ne pouvait contempler son destin sans envie. Aujourd’hui, dans quel flot d’effrayante misère est-il précipité ! C’est donc le dernier jour qu’il faut, pour un mortel, toujours considérer. Gardons-nous d’appeler jamais un homme heureux, avant qu’il ait franchi le terme de sa vie sans avoir subi un chagrin. » (Œdipe roi de Sophocle)
Le mot fatalité vient du latin « fatalis », de « fatum » signifiant le destin. C’est la fatalité qui fait que les hommes passent d’un grand bonheur à un grand malheur. Souvent, ce sont les dieux qui interviennent pour punir une faute, fût-elle commise par des générations auparavant (voir encore, par exemple, la famille des Labdacides à laquelle appartient Œdipe).
La faute est souvent associée à un orgueil important. C’est ce qu’on appelle l’hybris (la démesure) dont sont responsables les héros qui se comparent aux dieux, qui se croient supérieurs aux autres hommes, etc. La tragédie montre comment la fatalité écrase le héros : « jamais homme avant toi n’aura plus durement été broyé du sort » dit le devin Thirésias à Œdipe.