Le mot élégie, en grec, signifie « plainte ». Durant l'Antiquité, l’élégie désigne une forme poétique : c'est un poème composé de distiques (réunion de deux vers).
En France, au XVIe siècle, l’élégie n’est plus une forme obéissant à des règles précises, mais un poème lyrique fondé sur le thème du malheur. La nostalgie, la mélancolie, l’amour malheureux, le temps qui passe sont les thèmes de prédilection de l’élégie.
La poésie moderne se réclame peu de l’élégie, mais, au XVIIIe siècle, André Chénier publie un recueil intitulé Élégies, dont « La jeune Tarentine » est l’un des plus célèbres poèmes. En voici le début :
Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Au XIXe siècle, Alphonse de Lamartine renouvelle l’élégie avec les Méditations. Voici les deux premières strophes du poème «Le lac» :
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emporté sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !