Au XVIIe siècle, la médecine repose encore sur des théories élaborées durant l'Antiquité (1), notamment celle de Galien, un médecin grec du IIe siècle après J.-C. Lui-même s'est beaucoup inspiré d'Hippocrate (médecin grec du Ve siècle avant J.-C.) mais aussi d'Aristote (philosophe grec du IVe siècle avant J.-C.).
Au XVIIe siècle, on croit à la théorie des quatre humeurs (« liquides ») : le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire. On pense que la santé repose sur l'équilibre de ces quatre humeurs. Tout déséquilibre entraîne des «sautes d'humeur» ou menace la santé. Pour rétablir l'équilibre, c'est-à-dire pour soigner le patient, on pratique des saignées (écoulement du sang), des purges, des lavements ou des régimes. Ces pratiques ont évidemment pour conséquence d'affaiblir le malade.
D'ailleurs, l'espérance de vie est très brève (25 ans en moyenne). Cela est dû à une forte mortalité infantile (beaucoup d'enfants meurent avant d'avoir eu 1 an). Les épidémies (la peste, le choléra...), les maladies qu'on ne sait ni soigner par les antibiotiques ni les vaccins provoquent de nombreux décès.
Si la médecine, y compris au temps de Galien, élabore des théories fausses, c'est que la dissection des cadavres humains était interdite. Au XVIIe, l'Église interdit la dissection qui permettrait pourtant aux médecins de faire de grands progrès notamment dans la connaissance du corps humain, ce qu'on appelle l'anatomie. Les médecins, qui se risquaient à étudier l'anatomie, devaient trouver des cadavres (parfois en les volant) et, surtout, risquaient leur vie (ce fut le cas de Rabelais au XVIe siècle).
Pour pouvoir prétendre être médecin, il faut être catholique, savoir le latin et payer un droit d'inscription élevé pour s'inscrire à la Faculté de médecine. En fait, l'étudiant devenu médecin n'a appris son métier que dans les livres et n'a aucune pratique. En revanche, le chirurgien n'est pas un médecin. La chirurgie est réalisée par des barbiers (des coiffeurs en somme !) qui ont cependant l'expérience de la pratique : le chirurgien traite les plaies, incise les abcès, etc. La chirurgie obtiendra d'ailleurs des résultats auxquels les médecins ne sont pas parvenus (en sauvant Louis XIV par exemple).
La médecine est un thème que l'on retrouve dans de nombreuses pièces de Molière : Le médecin volant bien sûr, mais aussi Le médecin malgré lui, Le malade imaginaire, etc.
Molière se moque de cette médecine impuissante à soigner le malade. Il se moque des pratiques de son temps : savoir le latin, dire des choses compliquées et imposer des remèdes néfastes ou inefficaces. Il se moque de ces médecins et de leur prétention, des grands airs qu'ils se donnent. Toutes choses que fait Sganarelle à sa façon et qui provoquent le comique !
Il faut dire que le personnage du médecin prête à rire avec sa grande robe noire, sa fraise et son chapeau pointu.
Se moquer de quelqu'un ou de quelque chose, en rire pour en montrer le ridicule, l'inutilité ou le danger s'appelle la satire. Le médecin volant est donc une pièce satirique.
La première illustration provient de Wikipédia, la seconde de Gallica.
Notes :
1 - Quand on pense que ce n'est qu'au XIXe siècle que l'on découvre la septicémie et la nécessité de se laver les mains avant d'opérer, qu'au début du XXe, on opère les nourrissons sans anesthésie, car l'on croit que leur système nerveux n'est pas achevé, on mesure l'importante évolution de la médecine.