Ce passage correspond à l’entrée du chœur et à une partie du premier épisode.
L’entrée du chœur est la parodos, qui commence à la page 18 et se termine à la page 21. Vient ensuite le premier épisode (pages 21 à 26), lequel se termine à la page 36.
Le chant du chœur est un appel angoissé aux dieux :
« Si jamais, quand un désastre menaçait jadis notre ville, vous avez su écarter d’elle la flamme du malheur, aujourd’hui encore accourez ! » (page 19)
« Sauve-nous, fille éclatante de Zeus, dépêche-nous ton secours radieux ! » (page 20)
S’interrogeant sur le contenu de l’oracle rapporté par Créon, le chant angoissé s’adresse d’abord à Zeus, mais aussi à Apollon (« dieu de Délos », « Phœbos l’Archer », « dieu Lycien ») et à sa sœur jumelle Artémis, à la fille de Zeus Athéna, à Bacchos (qu’on appelle aussi Dionysos).
C’est aussi un chant de douleur qui déplore les morts sans nombre : « Et la Cité se meurt en ces morts sans nombre » (page 19).
Le chœur représente cette Cité où se passe l’action de la pièce, et à laquelle les spectateurs peuvent s’identifier.
Le chef du chœur, que l’on appelle le coryphée, fait le lien entre le chœur et les acteurs. Dans ce premier épisode, le Coryphée s’adresse à Œdipe qui vient de condamner le coupable qu’il s’agit encore de trouver.
Œdipe, désireux de mener l’enquête à son terme, énonce la condamnation du criminel : le coupable doit être considéré comme la souillure du pays. Il est donc interdit à tous qu’on le reçoive, qu’on lui parle, qu’on l’associe aux prières, etc. Dorénavant, le coupable est condamné à vivre « comme un misérable, une vie sans joie » (page 23).
Sans le savoir, Œdipe vient de se condamner lui-même : « et si d’aventure je venais à l’admettre consciemment à mon foyer, je me voue moi-même à tous les châtiments que mes imprécations viennent à l’instant d’appeler sur d’autres » (page 23). Rappelant la généalogie des Labdacides, Œdipe « brûle » de saisir l’assassin de Laïos : « C’est moi dès lors qui lutterai pour lui, comme s’il eût été mon père » (page 24).
L’oracle d’Apollon ayant omis de nommer le criminel (« est-il personne qui puisse contraindre les dieux à faire ce qu’ils ne veulent pas ? », page 25), Œdipe est contraint de trouver de l’aide, car il croit ne rien connaître du meurtre de Laïos, il se dit « étranger au crime lui-même » (page 21). Le Coryphée annonce la venue du devin Tirésias qui « porte en son sein la vérité » (page 26)
Répondant aux attentes angoissées du chœur, Œdipe va mener l’enquête et s’est condamné lui-même en lançant ses imprécations sur le criminel recherché. Ce faisant, on commence à entrevoir la fin d'une pièce qui a à peine commencé : le roi maudit est promis à l'exil.
Cette enquête, qui n’a pas encore eu vraiment lieu, a donc pour objet de trouver le coupable du meurtre de Laïos. À cet effet, le devin Tirésias est chargé d’apporter à Œdipe l’aide nécessaire. Le devin aveugle pourra peut-être jeter quelque lumière sur un passé auquel le roi se croit, à tort, étranger. Pour le spectateur, la venue de ce personnage est d'importance : Tirésias est celui qui a connu les deux sexes, qui connaît les dieux, a reçu d'eux le don de la voyance. C'est aussi cet homme qui, même mort, conservera le don de divination, et qu'Ulysse visitera pour trouver son chemin. Le dialogue qui va commencer ne peut qu'être passionnant.