Lisez et comparez ces deux extraits.
Quels points communs et quelles différences remarquez-vous entre ces deux textes ? Parlent-ils de la même chose ? Comment en parlent-ils ? Par exemple, observez les temps : que remarquez-vous ? Observez également la ponctuation, etc.
Je regardai à mon tour, et je ne pus réprimer un mouvement de répulsion. Devant mes yeux s’agitait un monstre horrible, digne de figurer dans les légendes tératologiques.
C’était un calmar de dimensions colossales, ayant huit mètres de longueur. Il marchait à reculons avec une extrême vélocité dans la direction du Nautilus. Il regardait de ses énormes yeux fixes à teintes glauques. Ses huit bras, ou plutôt ses huit pieds, implantés sur sa tête, qui ont valu à ces animaux le nom de céphalopodes, avaient un développement double de son corps et se tordaient comme la chevelure des Furies. On voyait distinctement les deux cent-cinquante ventouses disposées sur la face interne des tentacules sous forme de capsules semi-sphériques. Parfois ces ventouses s’appliquaient sur la vitre du salon en y faisant le vide. La bouche de ce monstre — un bec de corne fait comme le bec d’un perroquet — s’ouvrait et se refermait verticalement. Sa langue, substance cornée, armée elle-même de plusieurs rangées de dents aiguës, sortait en frémissant de cette véritable cisaille. Quelle fantaisie de la nature ! Un bec d’oiseau à un mollusque ! Son corps, fusiforme et renflé dans sa partie moyenne, formait une masse charnue qui devait peser vingt à vingt-cinq mille kilogrammes. Sa couleur inconstante, changeant avec une extrême rapidité suivant l’irritation de l’animal, passait successivement du gris livide au brun rougeâtre.
De quoi s’irritait ce mollusque ? Sans doute de la présence de ce Nautilus, plus formidable que lui, et sur lequel ses bras suceurs ou ses mandibules n’avaient aucune prise. Et cependant, quels monstres que ces poulpes, quelle vitalité le Créateur leur a départie, quelle vigueur dans leurs mouvements, puisqu’ils possèdent trois cœurs !
Vingt milles lieues sous les mers, Deuxième partie, chapitre XVIII de Jules Verne
Pieuvre et poulpe sont des noms vernaculaires ambigus désignant en français certains céphalopodes benthiques du super-ordre Incirrina. Ces animaux se caractérisent par leurs huit bras — pouvant comporter chacun jusqu'à plus de 200 ventouses — et leur relative intelligence. Le corps est entièrement mou hormis un bec comparable à celui des perroquets.
Le mot « poulpe » vient du grec polypous, qui signifie « plusieurs pieds ».
Le mot pieuvre est d'origine plus récente et est introduit en 1865 dans la langue française par Victor Hugo dans son roman Les Travailleurs de la mer. Le mot est emprunté du vocabulaire guernesiais de pêcheurs entendu lors de son séjour sur l'île anglo-normande. Il supplante rapidement le mot poulpe dans l'usage courant. Son succès est tel, qu'il est repris en italien avec le mot piovra.
Ces deux appellations ne concernent pas tous les octopodes. En effet, il s'agit d'abord d'une appellation commerciale et gastronomique, représentée notamment par le poulpe commun qui abonde sur les côtes atlantiques et méditerranéennes. Ainsi, on désigne par ce terme les espèces de la famille des octopodidés, soit la plus grande famille d'octopodes, rassemblant plus de 200 espèces.