Ce jeune poète du XVIIIe siècle est célèbre pour ce vers « Elle a vécu Myrto, la jeune Tarentine ».
Il fut guillotiné pendant la Révolution française. Il aurait d’ailleurs déclaré, en montant sur l’échafaud, en montrant sa tête : « C'est dommage, il y avait quelque chose là ! »
Jeune fille, ton cœur, avec nous veut se taire.
Tu fuis, tu ne ris plus. Rien ne saurait te plaire.
La soie à tes travaux offre en vain des couleurs.
L'aiguille sous tes doigts n'anime plus des fleurs.
Tu n'aimes qu'à rêver, muette, seule, errante ;
Et la rose pâlit sur ta bouche mourante.
Ah ! mon œil est savant et depuis plus d'un jour,
Et ce n'est pas à moi qu'on peut cacher l'amour.
Les belles font aimer. Elles aiment. Les belles
Nous charment tous. Heureux qui peut être aimé d'elles !
Sois tendre, même faible ; on doit l'être un moment ;
Fidèle, si tu peux. Mais conte-moi comment,
Quel jeune homme aux yeux bleus, empressé sans audace,
Aux cheveux noirs, au front plein de charme et de grâce ?...
Tu rougis ? On dirait que je t'ai dit son nom.
Tu vois ; je le connais. Autour de ta maison
C'est lui qui va, qui vient. Et, laissant ton ouvrage,
Tu vas, sans te montrer, épier son passage.
Il fuit vite ; et ton œil, sur sa trace accouru,
Le suit encor longtemps quand il a disparu.
Certes en ce bois voisin où trois fêtes brillantes
Font courir au printemps nos nymphes (1) triomphantes,
Nul n'a sa noble aisance et son habile main
À soumettre un coursier (2) aux volontés du frein.
Notes :
1 - Nymphes : déesse des bois, des montagnes, des fleuves...
2 - Coursier : grand et beau cheval de bataille ou de tournoi.
1. Combien y a-t-il de strophes dans ce poème ?
2. Comment sont disposées les rimes ?
3. Combien de syllabes comptent ces vers ?
4. Relevez les quatre premières rimes et donnez leur qualité.
5. Relevez les pronoms personnels qui désignent le poète. À qui s’adresse-t-il ?
6. Ce personnage parle-t-il ? À quels moments du poème a-t-on cependant l’impression de lire un dialogue ? Observez la ponctuation et les verbes pour répondre.
7. Quel mal faisant souffrir la jeune fille l’empêche de répondre ? Quels passages vous semblent être révélateurs de cette souffrance ?
8. Quel type de phrase montre que le poète connaît déjà cette souffrance ?
9. « mon œil est savant »
Quelle figure de style a-t-on dans ce vers ?
10. À quel poème la rose (au vers 6) fait-elle penser ? Quel conseil donnait-on alors à la jeune fille ?
11. Dans ce poème, quels conseils le poète donne-t-il ? Au XVIIIe siècle, peut-on parler à une jeune fille ainsi ? Pourquoi ?
12. Relevez les compléments circonstanciels de lieu. Pourquoi cela reflète-t-il la condition de la femme à cette époque ?
13. Comment est suggérée la liberté du jeune homme ?