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Le fantastique

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Pour qu’un texte appartienne au genre fantastique, il doit remplir plusieurs conditions.

I - Un événement surnaturel effrayant

Le personnage principal doit être confronté à un événement surnaturel, à quelque chose qui ne peut pas arriver, et qui pourtant arrive. Cet événement provoque un sentiment de peur, exprimé par de nombreux termes. Pour cette raison, on relève souvent le champ lexical de l’épouvante, mais d’autres moyens peuvent être également utilisés comme la ponctuation (phrases exclamatives et interrogatives, points de suspension).

II - Cet événement se passe dans le monde réel

Contrairement au conte, l’histoire se passe dans le réel (notre monde) et non pas dans une époque lointaine (Pensez aux formules par lesquelles commence le conte : « Il était une fois », « Il y a bien longtemps »...). Quand un événement surnaturel survient dans un conte, cela ne provoque pas l’effroi. Le merveilleux (du latin mirabilia signifiant «choses admirables, étonnantes») du conte ne s’oppose pas vraiment au monde réel.
Au contraire, dans le fantastique, le surnaturel est souvent vécu par le personnage comme une déchirure du réel : « Tout semble comme aujourd’hui et comme hier : tranquille, banal, sans rien d’insolite et voici que lentement s’insinue ou que soudain se déploie l’Inadmissible » (Roger Caillois)

On relève donc le champ lexical du réel (tous les termes qui ancrent le récit dans le réel).

III - L’incertitude du personnage

L’événement surnaturel (l’Apparition) provoque un sentiment d’incertitude chez celui qui en est le témoin. De nombreux verbes le montrent : « sembler », « croire », « penser », « supposer »... Cette incertitude est caractéristique du fantastique. Selon Tzvetan Todorov, « Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. »
S’il n’y a pas cette hésitation, on sort du genre fantastique pour rentrer dans un genre voisin, l'étrange ou le merveilleux, par exemple.

IV — L’incertitude du lecteur

Les événements sont perçus par un personnage qui, comme dans « Le Horla », ne sait plus s’il est fou ou s’il est réellement victime d’un être invisible. Or le lecteur n’a pas d’autre témoignage que celui du personnage, car l’histoire est racontée du point de vue du personnage. C’est ce qu’on appelle un point de vue interne : ce que l’on sait de l’histoire, c’est ce que nous en dit le personnage (voir la leçon sur les points de vue).
Le lecteur n’a donc pas d’autre solution que de croire ce que raconte le personnage de l’histoire, si bien que nous sommes dans l’incertitude également. Nous ne savons pas si le personnage est fou ou s’il est victime d’un être invisible.

V - Pas d’explication, pas d’allégorie

Par ailleurs, si l’événement surnaturel fait l’objet d’une explication, nous ne sommes plus dans le fantastique. Ainsi, dans Les Mystères du château d’Udolphe, un événement en apparence irrationnel fait l’objet d’une explication rationnelle. Ce qui semblait fantastique (voir l’extrait 1) ne l’est finalement pas (voir l’extrait 2).
Le fantastique fait exister par le langage ce qui n’existe pas. Dans l’extrait du «Horla», par le langage, Maupassant donne à lire ce qui n’existe pas. Il donne à voir ce qui n’est pas visible. C’est pourquoi le fantastique désigne souvent l’innommable, l’indicible. L’Apparition, dans «Le Horla, doit être pris à la lettre : il n’y a pas de second sens, pas de sens caché, pas de signification allégorique comme dans le conte (ou comme dans les Vanités). En effet, un événement surnaturel dans un conte a parfois une autre signification : le loup dans «Le petit chaperon rouge» incarne l’homme dangereux pour les enfants, en particulier les filles (la moralité le montre à la fin du conte). Ce n’est pas simplement un loup.
La nouvelle « Le nez » de Nicolas Gogol n’est pas véritablement fantastique (voir l’extrait). C’est davantage une histoire absurde dans laquelle l’écrivain russe montre les rapports difficiles que les gens ont entre eux (notamment les fonctionnaires : quand le héros retrouve son nez, il n’ose lui adresser la parole parce que le nez est devenu un fonctionnaire d’un rang qui lui est supérieur).

Conclusion

La terreur éprouvée dans le texte fantastique provient donc de ceci : un événement surnaturel, irrationnel, inexplicable survient dans le réel c’est-à-dire en un lieu et en un moment où l’on pensait que rien de tel ne saurait arriver. L’impossible arrive, ce qui provoque l’incertitude, l’hésitation du protagoniste, mais aussi du lecteur. On ne peut dire s’il est arrivé quelque chose d’impossible (explication rationnelle : illusion, mirage, folie) ou s’il est arrivé quelque chose de possible (explication irrationnelle : le réel n’est plus ce que l’on croyait : le diable, les revenants existent).

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