Lecture analytique de deux extraits des Mystères du château d'Udolphe
Le protagoniste de cette histoire est une jeune fille. Elle est le témoin d’un événement surnaturel qui lui fait peur.
Le surnaturel désigne ce qui n’est pas naturel, ce qui ne peut pas être expliqué par les lois de la nature. Le surnaturel est inexplicable.
Le surnaturel se rencontre à la fois dans le fantastique et dans le conte.
Dans le conte, l’événement surnaturel est considéré comme normal, acceptable, parfois effrayant mais faisant partie de l’univers merveilleux. En revanche, dans le fantastique, l’événement surnaturel constitue un scandale. Quelque chose qui ne peut arriver arrive cependant. Cette apparition provoque la peur.
Dans « Le petit chaperon rouge » ou le « Le chat botté », les animaux parlent, se métamorphosent, sans que cela ne choque qui que ce soit. Dans « Le masque de la mort rouge », la peste apparaît en personne ; dans « Ligeia », une morte revient à la vie. Dans ces deux derniers exemples, le surnaturel provoque l’effroi et l’étonnement.
C’est bien ce qu’éprouve Emilie. C’est ce que montrent les termes ou expressions « frappée de terreur », « une crainte ».
De plus, l’atmosphère est inquiétante. La scène se passe la nuit, dans un château (voir le paratexte), dans un « silence profond ». Émilie entend une « mystérieuse musique » et « une voix ». Elle entend tout d’abord « des sons d’une nature fort étrange ». Le texte restitue les étapes de la compréhension, de l’interprétation de ces sons par Émilie qui comprend enfin que ce sont des « soupirs », des « lamentations ». Le personnage est plongé « dans les ténèbres » ; seule « la faible clarté que jetaient les étoiles » lui permet de distinguer une forme dans « l’obscurité ».
Les événements sont qualifiés deux fois de « mystérieux », « étrange », « surnaturelle », « singulier », « fantastique » (dans le sens de « créé par l’imagination, qui n’est pas réel »).
Dans ce contexte, Émilie croit voir une apparition. Le narrateur laisse entendre que l'événement surnaturel n'en est un que pour Émilie (« Elle ne doutait pas », « qu’elle n’eût été témoin »).
Cet extrait relève du roman gothique. On dit également roman noir. Un personnage, seul, la nuit, dans un château sont les ingrédients de ce type de roman apparu fin XVIIIe siècle. On dit roman gothique, car l’histoire se passe souvent dans des châteaux de type gothique, dans des souterrains, ou des ruines... Parfois le personnage est confronté à un événement surnaturel (Lire d'autres extraits).
L’extrait suivant montre qu’il n’y avait aucun événement surnaturel contrairement à ce que croyait Émilie.
Le chevalier Dupont apporte des explications :
- Il existe « une porte cachée » ; il y a des passages secrets dans l’épaisseur des murs qui permettent d’apparaître ou de disparaître rapidement.
- Le chevalier Dupont paie un garde pour le laisser sortir la nuit.
- Le chevalier, surpris par un autre gardien, et profitant de sa superstition, joue les fantômes, et provoque une crise d’épilepsie chez ce gardien.
Il y a donc des explications rationnelles à cette histoire d’apparition. Pas de surnaturel donc, encore moins de fantastique.