Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, est né à Paris en janvier 1622. Son père était tapissier du roi.
Il fait des études de droit pour devenir avocat, mais préfère finalement fonder sa propre troupe de théâtre (L’Illustre-Théâtre) avec la comédienne Madeleine Béjart. C’est à ce moment qu’il prend le pseudonyme de Molière.
Le métier d'acteur n'est pas un métier facile. En France, l’Église catholique reproche aux comédiens, comme aux prostitués, de vivre dans le mensonge et même d’empoisonner les âmes pour gagner leur vie. Les comédiens sont donc excommuniés (c’est-à-dire exclus de la religion catholique) et n'ont donc pas le droit d'être enterrés. S’ils veulent être baptisés ou se marier, ils doivent renoncer à leur profession (1).
En 1645, Molière est même emprisonné au Châtelet pour dettes pendant quelques jours. C’est qu’un auteur, au XVIIe siècle, ne peut vivre de son métier sans avoir des protecteurs. Ce sont des grands seigneurs aimant les plaisirs, les fêtes et les spectacles.
Durant sa vie, Molière en aura plusieurs : entre autres, le duc d'Epernon, le prince de Conti et même le roi Louis XIV...
Les difficultés financières de Molière l’amènent à quitter Paris et à partir en province de 1645 à 1658. La troupe qu’il rejoint donne des représentations en privé chez des grands seigneurs ou en public pendant les fêtes. C’est une troupe polyvalente capable de monter des spectacles avec des parties parlées, de la musique et de la danse, mais aussi d’improviser. Sont donc jouées des comédies, des tragédies, des farces, etc.
Molière, qui prend rapidement la tête de la troupe, écrit ses premières petites comédies (Le Docteur amoureux, Le Médecin volant) puis ses premières comédies en cinq actes et en vers (L'Étourdi, Le Dépit amoureux).
En 1658, Molière revient à Paris et joue Nicomède (une tragédie de Corneille) et Le Docteur amoureux devant le roi. Celui-ci bâille devant la tragédie, mais rit de la petite farce.
La pièce Les Précieuses ridicules (1659), que Molière publie à la hâte parce qu’on tente de la lui voler, lui apporte la célébrité. Sganarelle ou le Cocu imaginaire est une petite comédie en un acte qu’il jouera 123 fois !
On dit que Molière est le peintre de son temps, et surtout de la bourgeoisie dont il dénonce les défauts. Son œuvre est bien plus complexe que cela. Il a en tout cas créé une longue liste de personnages dont les noms sont désormais fameux : Harpagon, Tartuffe, Dom Juan, Sganarelle, le Bourgeois gentilhomme, etc.
Ces personnages nous font rire, mais le divertissement qu’ils apportent nous sert de leçon, comme une morale dans une fable : nous devons nous garder de reproduire les défauts de ces personnages.
Le vendredi 17, jour de la quatrième représentation du Malade imaginaire, Molière est épuisé, mais il refuse de priver « cinquante pauvres ouvriers » d'une journée de salaire. À la fin de la représentation, Molière sent monter une quinte de toux. Il crache du sang. Heureusement la pièce est finie, et le rideau est baissé, sans que le public s'aperçoive de la tragédie qui se joue sur la scène comique. Molière est aussitôt transporté en chaise à porteurs jusqu'à sa demeure. Il meurt chez lui. Après intervention du roi (2), Molière est enterré, mais de nuit et sans cérémonie.
Notes :
1 - Il faudra attendre le XIXe siècle pour que l'Église ne rejette plus les comédiens et le XXe pour que cela soit reconnu officiellement.
2 - On intervient auprès du roi pour que Molière soit finalement enterré en terre chrétienne. Lassé de cette histoire, le roi aurait demandé enfin : « Jusqu'à quelle profondeur la terre est-elle sainte ? » On lui répond : « Jusqu'à 4 pieds, Sire ». Et le roi de conclure : « Enterrez-le à 6 pieds, et qu'il n'en soit plus question ».